Sens commun(s)

A travers quinze jours de discussions, de débats et de projections, l’association La Plateforme convie les citoyens marseillais à s’interroger sur ce que nous avons en commun(s), de l’espace public aux ressources naturelles en passant par l’open source. Tout ce qui permet d’affirmer, vraiment, qu’un autre monde est possible.

« Oui, cela pourrait commencer ainsi, ici, comme ça, d’une manière un peu lourde et lente, dans cet endroit neutre qui est à tous et à personne, où les gens se croisent presque sans se voir, où la vie de l’immeuble se répercute, lointaine et régulière. »
Cette description de Perec d’escaliers d’immeuble pourrait tout aussi bien définir les espaces dits communs : rues, espaces publics, trottoirs, bancs… ces espaces partagés que nous occupons quotidiennement, en tâchant de ne pas trop être dérangé par l’autre qui s’étale toujours un peu trop à notre goût.
Derrière cet état de fait, la dimension pragmatique d’un espace donné, le commun serait plus une manière de vivre ensemble, de coopérer en créant du lien et du sens. Plus qu’un espace soustrait à la propriété privée, le commun serait donc plutôt une volonté, un positionnement politique et social, allié à une perpétuelle remise en question.
De fait, l’association La Plateforme a mis en place une quinzaine des convergences citoyennes autour des communs : à raison d’un à deux événements quotidiens, on explore cette notion ainsi que les dimensions qui la sous-tendent et la modèlent, et l’excitante multiplicité de ses applications.
Au-delà de l’esprit et l’énergie qui l’animent, la manifestation laisse augurer une nouvelle façon de vivre ensemble : loin des compromis rigoureux de la cohabitation, on voit poindre la volonté de faire en commun, de créer un ensemble cohérent et chargé de sens. Un exemple avec la soirée « Marseille, vers une coopérative intégrale ? » où les différents acteurs et porteurs d’initiatives de l’économie alternative et solidaire discuterons (avec nous) pour réfléchir à une économie coopérative à l’échelle de la ville. Autre point fort, une interrogation sur le devenir de la Plaine, qui débouchera sur une surprise à l’issue de la quinzaine.
Au final, tout un tas d’initiatives qui favorisent l’émergence de la fameuse intelligence en essaim (soit lorsque l’intelligence du groupe est supérieure à celle de la somme des parties) : une métamorphose sociétale ambitieuse qui commencera probablement à l’échelle individuelle. Réfléchir sur notre manière d’interagir et de communiquer, c’est déjà un bon début de changement social. Une petite révolution au quotidien.

Estelle Wierzbicki

Marseille en communs : jusqu’au 22/11 à Marseille.
Rens. : www.laplateforme.org

Le programme complet de Marseille en communs ici