The Concept of Dust, or how do you look when there’s nothing left to move ? de Yvonne Rainer © Babette Mangolte

Marseille objectif Danse invite Yvonne Rainer à la Cartonnerie et au MuCEM

Demande à la poussière

 

Marseille objectif Danse invite cette semaine un monument de la danse contemporaine en la personne de la chorégraphe Yvonne Rainer, autour de sa dernière création : The Concept of Dust, or how do you look when there’s nothing left to move ?

 

Qu’Yvonne Rainer soit née en 1937 à San Francisco n’est peut-être pas anodin. C’est également le lieu de naissance d’Isadora Duncan, par qui le scandale de la déconstruction de la danse est arrivé. Deux femmes qui ont, chacune à leur époque, décider de laisser parler leur corps, de le regarder tel qu’il est, sans exagération, sans contorsion, à l’écart du travail démesuré que demande le classique. San Francisco, c’est également la ville des énergies positives et du mouvement New Age. Un besoin irrépressible de donner la parole à l’autre soi dans un monde toujours plus formaté. Les choses s’accélèrent vraiment pour Yvonne Rainer lorsqu’elle rencontre la chorégraphe Anna Halprin, déjà très engagée dans un processus du mouvement lié à l’observation des enfants. Une danse qui ne porte aucun message et se concentre sur le plaisir pur du déplacement. Forte de cette expérience, Yvonne Rainer s’installe à New York et crée le Judson Dance Theater. Une plateforme de rencontre devient possible, un laboratoire du mouvement se met en place. On discute de la validité d’un geste, de la condition de l’existence, du rôle de l’interprète quittant son personnage pour devenir un performer. Et surtout, la danse se confronte au formidable mouvement artistique de la scène new-yorkaise des années soixante. Yvonne Rainer a toujours su se positionner au bon endroit, au bon moment, et le travail qu’elle a mis en place rayonne encore aujourd’hui sur la scène internationale. Sa danse est à l’image de sa vie, on se regroupe, on se touche, on discute, des désaccords s’installent, des prises de paroles divergent et une dissonance prend forme pour mieux se réorganiser dans le besoin de rester ensemble, de ne pas s’isoler. C’est peut-être sur ce dernier point que les trajectoires d’Yvonne Rainer et d’Isadora Duncan diffèrent radicalement.

Karim Grandi-Baupain

 

  • The Concept of Dust, or how do you look when there’s nothing left to move ? : le 28/10 à la Cartonnerie (Friche La Belle de Mai, 41 rue Jobin, 3e).

  • Conférence « Ne rien faire / rien à faire : revisiter une approche minimaliste de la performance » : le 29/10 au MuCEM.

Rens. Marseille Objectif Danse : 04 95 04 96 42 / www.marseille-objectif-danse.org