Marseille Stand-Up Festival

Vannes debout

 

À la veille du premier tour d’une élection surprise où la France retiendra son souffle, le Gymnase propose d’oublier la sinistrose ambiante pendant cinq soirées dédiées au genre devenu dominant de la scène humoristique hexagonale : le stand-up.

 

 

Certains historiens avancent que le tout-premier comedy club de l’histoire daterait de… l’Antiquité grecque. Plus précisément de – 423 avant J.-C., période à laquelle les Soixante, une brochette de conteurs comiques athéniens, se seraient régulièrement réunis au sanctuaire d’Héraclès pour amuser la galerie.

Quelque 2400 ans plus tard, la France a peur est sous antidépresseur et a besoin de rire. Et si possible de rire ensemble, en faisant communauté, ne serait-ce que le temps d’un soir, le temps d’une blague. Depuis près de vingt ans, avec la naissance du Jamel Comedy Club en 2006, et plus encore depuis l’après-covid avec l’aide des réseaux sociaux, les stand-uppers prolifèrent sur les scènes de l’hexagone, en même temps que les comedys clubs se multiplient comme jaja. Y compris dans la cité phocéenne, du Comédie Club Vieux-Port (également, et étonnamment, nommé Espace Kev Adams…) à L’Art Dû Théâtre, en passant par le très prisé Garage Comedy Club ou l’itinérant Bivouac.

Pays de lettres s’il en est, la France aura mis un peu plus de cinquante ans à s’aligner sur la patrie du stand-up, les États-Unis, où l’oralité a toujours été reine. Exit les spectacles à papa sketches ; les codes de l’humour ont changé et la jeunesse, boostée par la société du spectacle, n’hésite plus à s’exposer. Le « quatrième mur » (cette frontière imaginaire entre la scène et le public) a explosé et, seul·e au plateau, le ou la stand-upper s’adresse directement à son auditoire, désormais partie intégrante, pour ne pas dire primordiale, du spectacle. Exacerbant le côté « vivant » de la scène, où aucune représentation ne ressemble à une autre, le stand-up ne rechigne pas à l’improvisation. Le plus connu des stand-uppers marseillais, Redouane Bougheraba — qui avait ouvert le festival l’an passé et qui, cette année, dépasse les bornes en se payant le Vélodrome —, en sait quelque chose, lui qui passe une bonne partie de ses spectacles à vanner ses premiers rangs…

Depuis quelques années maintenant, et en association avec Kader Aoun, figure tutélaire du stand-up hexagonal, le Gymnase s’est emparé du phénomène qui a plié le game de l’humour en France. C’est bien connu, les Marseillais·es ne manquent pas de gouaille (ou plutôt de bouche, avec l’accent), et cette édition 2024 met justement les locaux à l’honneur. D’abord avec un plateau réunissant cinq jeunes « talents de l’Après M » qui, après huit mois d’ateliers menés par le comédien Redwane Rajel et l’humoriste Malik Fares au sein du « fast social food » de Sainte-Marthe, feront leurs tout premiers pas sur scène. Ensuite avec Gabrielle Giraud qui, avec un débit de mitraillette, se délecte des clichés phocéens qu’elle détourne volontiers, tout comme elle aime à déconstruire les codes de l’époque. Enfin avec un plateau 100 % marseillais issu du Garage Comedy Club, petite salle volcanique du cours Julien qui peut se targuer d’être « le plus gros comedy club de France hors Paris ». Et tandis que Pierre Thévenoux se chargera d’ouvrir la manifestation en parlant « tout aussi bien de lui, du monde, de Dieu, des pigeons et de plein d’autres trucs qui ont l’air chiants mais qui sont bien en vrai », le plus marseillais des Perpignanais, Mathieu Madénian, s’occupera de la conclure avec son tout nouveau spectacle en rodage. Autant d’occasions de s’exclamer « Please Stand Up ».

 

CC

 

Marseille Stand-Up Festival : du 22 au 29/06 au Théâtre municipal de l’Odéon (162 La Canebière, 1er) et aux Bernardines (17 boulevard Garibaldi, 1er).

Rens. : www.lestheatres.net

Le programme complet du Marseille Stand-Up Festival ici