Marseille Street Art Show
Les Puces font le mur
Pour sa troisième édition, le Marseille Street Art Show s’ouvre à l’international : douze artistes issus du monde entier ont envahi la Galerie Saint Laurent, les murs des Puces des Arnavaux mais aussi les Docks Village. Le but : revaloriser un quartier et donner ses lettres de noblesse à un art encore souvent déprécié.
Calligraffeurs et graffeurs, partisans du 9e Concept, affichistes, dessinateurs ou pochoiristes… Les méthodes sont différentes, mais tous ont choisi de manifester leur art dans la rue. Un art qui sait aussi s’exposer : la Galerie Saint Laurent, dans le quinzième, s’est fait leur porte-parole le temps d’un été. Entre les étals des antiquaires et des brocanteurs, les artistes ont laissé libre cours à leur imagination. Résultat : les installations en papier de LapinThur transportent le visiteur dans une jungle primitive, tandis que les personnages de Nhobi envahissent les murs à l’intérieur et à l’extérieur du box. L’événement donne aussi l’occasion aux artistes de réaliser des fresques sur les murs des fameuses Puces. Au fil des années, des œuvres de Remy Uno, Dire 132, RNST ou plus récemment de Dale Grimshaw sont venues orner les façades. L’exposition compte aussi le Russe Pokras Lampas, auteur du plus grand calligraffiti du monde, l’Italien Diamond, les Brésiliens Nhobi et Suriani… mais aussi des artistes français comme Olivia de Bona ou Alexandre d’Alessio, déjà bien implantés sur la scène marseillaise. « On veut montrer que les quartiers Nord, c’est aussi des pinceaux et de l’art, explique Stéphane de Calmels, le commissaire de l’exposition. On a envie de faire revenir les Marseillais dans un lieu qu’ils ont complètement déserté. » Changer l’image d’un quartier avec de l’art ? La formule a déjà fait ses preuves à Chicago ou à Detroit… En proposant un art accessible, populaire et porteur de message, Catherine Coudert, directrice de la galerie, propose une « visite culturelle au sens large. » Un premier élan, pour redynamiser un pan de la ville souvent réduit « au deal et aux kalachnikovs. »
Le « Berlin de la Méditerranée »
Mais entre des habitants souvent indifférents et des Marseillais éloignés, la galerie peine à dynamiser le quartier. Alors cette année, Catherine Coudert et Stéphane de Calmels se sont associés avec les Docks Village. L’événement « hors les murs », du deux au quinze juin, ne cherchait pas seulement à faire découvrir le street art : il souhaitait intriguer et attirer le public aux Puces. « Il faut simplement prendre l’habitude de voir autre chose », explique Catherine Coudert. Pourtant, le street art et le hip-hop, deux cultures de la rue indissociablement liées, font partie de l’identité de la ville. Stéphane de Calmels estime même que Marseille « a toute la légitimité culturelle pour être la capitale française, voire européenne, du street art », et dépasser des villes comme Berlin ou Montpellier. Les artistes semblent d’accord avec lui : « Il y a un côté pourri, sale, mais il y a surtout un élan, une identité qui les attire ici. » A l’image du street artist mondialement connu Inti, qui a réalisé une gigantesque fresque après avoir été séduit par le projet. Le Marseille Street Art Show et la galerie se donnent quant à eux encore dix ans pour voir ce projet aboutir. Un projet sur le long terme et au futur incertain : Euromed 2 est bien décidé à transformer le secteur, quitte à en chasser ses habitants. La réputation du quartier pourrait alors bien changer, mais pas vraiment grâce au talent des street artistes. Quant aux rumeurs sur la destruction des Puces, Catherine Coudert est très claire : « Le marché ne disparaîtra pas. Il restera un lieu d’art », mais risque fort de se boboïser. Le prix à payer pour ces amateurs de street art, qui veulent avant tout partager un art résolument populaire.
Léa Soula
Marseille Street Art Show : jusqu’au 30/08 à la Galerie Saint-Laurent (Marché aux Puces, Hall des Antiquaires – 130 chemin de la Madrague-Ville, 15e). Rens. : www.galeriesaintlaurent.com
> Médiations culturelles possibles avec Anaïs Breton.
Rens. : 06 65 27 45 93 / anais.breton@gmail.com
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