Marseille vu par 100 photographes aux ABD Gaston Defferre
Ombre est lumière
« Puzzle aléatoire, d’éclairs et de zones d’ombres, récit en pointillés sur le signe de l’impossible… » : ces quelques mots d’Antoine D’Agata résument l’atmosphère des salles figées de la Bibliothèque départementale consacrées à l’exposition Marseille vu par 100 photographes du monde, dont l’imagiste est le commissaire.
Ce sont des instants, des flashs de la métropole qu’ont captés les photographes du monde entier invités par l’Atelier de Visu (co-fondé par Antoine D’Agata), lieu unique dévolu à la photographie contemporaine. La déambulation se fait sur deux étages de la Bibliothèque. Les images de Marseille y sont plaquées aux murs de l’immense bâtiment, entre le port et les nouveaux quartiers de la Joliette. Elles semblent se répondre les unes aux autres, entre ironie et silence suspicieux de la ville. Au deuxième étage, le livre d’or est bien gribouillé. Certains visiteurs ont été touché aux viscères par les instantanés. « C’est très sombre, mais c’est ça aussi Marseille ». D’autres refusent la vision noire, underground, gore de leur ville lumineuse.
En déambulant dans la ville, impossible d’y capter une essence, une identité unique. La ville est « aussi atomisée que la multitude d’histoires qui la composent », écrit le photographe et commissaire D’Agata. Elle est complexe, stratifiée, filante et étouffante à la fois. L’exposition le lui rend bien, entre les images floues de la nuit, la crasse des rigoles et des âmes égarées dans un commissariat, une morgue.
La sélection est une autopsie de la Capitale européenne de la Culture qui, sous les rénovations, les immeubles monumentaux et les arbres abattus, continue de transpirer, saigner et songer.
Sandrine Lana