Marseille Web Fest
Nouvelle vogue
Du 19 au 21 octobre, au cinéma Artplexe Canebière, le Marseille Web Fest nous convie à sa douzième édition, pour une manifestation consacrée à la web-série, véritable vivier de créations filmiques, qui s’inscrit dans une indéniable révolution des formats audiovisuels.
Cela ne fait désormais plus guère débat : notre relation à l’image en mouvement est au cœur d’une véritable révolution qui secoue les praxis longtemps considérées comme inoxydables. L’hégémonie de la salle de cinéma a dû cohabiter plus tard avec l’objet télévisuel, puis plus récemment avec le flux numérique via internet. Ce profond bouleversement nous oblige à reconsidérer les postulats deleuziens (mais nous pourrions tout autant citer Michel Foucault, Marie-José Mondzain ou Jacques Rancière) de l’endroit même où se déplace le spectateur, dont il devenu véritable gageure d’imaginer le rôle que nous pourrions encore souhaiter lui voir jouer. Force est de s’éloigner d’une vision essentialiste de ce dernier : l’objet filmique, n’en déplaise à certains, s’apprécie tout autant sur grand écran, sur nos télévisions, nos tablettes, nos smartphones. Et la boîte de Pandore du flux de jouer son rôle, pour une évolution bien complexe à imaginer. Dans un déluge d’images, les courants s’organisent. Et parmi eux, la web-série. Ce format de création audiovisuelle, à y voir de plus près, reste indéniablement un espace d’inventivité particulièrement exaltant : la forme courte, et l’audace créative qu’une économie plus souple implique, offre des résultats qu’il serait déraisonnable de ne pas considérer. Un geste filmique qui peut du reste pratiquer la transversalité des supports, comme en témoigne le récent succès en salles du film Le Visiteur du futur, né d’une web-série.
La cité phocéenne se dote depuis douze ans d’un festival qui lui est consacré : le Marseille Web Fest met en effet à l’honneur ce format de création hors normes, avec une programmation propre à en embrasser tous les champs d’expressions. Du 19 au 21 octobre, au cinéma Artplexe Canebière, la manifestation nous permettra de découvrir vingt-six web-séries internationales, avec, à l’instar des années précédentes, une poignée de temps d’échanges, de tables rondes et masterclasses, le tout en entrée libre et gratuite. À commencer par le très attendu Cellule de rimes, série documentaire pour laquelle la cinéaste Sarah Marx a immergé sa caméra neuf mois durant au sein de la prison de Fresnes, à l’occasion du processus de création d’un album de rap. Parmi les web-séries que cette nouvelle édition nous propose de découvrir, citons éparses Night Cat Express, I am Mia, Beyond Duty, Outlaw Land, Ana Beirut, Lockdown, Damoiselle, Articule ou Patience mon amour. Quant aux échanges proposés durant ces trois journées de découvertes, l’équipe organisatrice nous convie aux masterclasses de la productrice et réalisatrice Sarah Lelouch ou celle de Fanny Sidney, mais également d’autres temps de partages que seront les Talents & opportunités professionnelles avec Patience Priso, la table ronde autour des séries françaises, en partenariat avec la SACD, Stratégies de développement médias et créateurs sur les plateformes Meta, ou la carte blanche au Seoul Web Fest. Sans oublier, comme à l’accoutumée, la fameuse soirée de clôture. Un rendez-vous qui s’avère particulièrement passionnant, d’une part dans la découverte de nouveaux gestes audiovisuels souvent remarquables, d’autre part pour aiguiser nos regards sur un format qui s’impose comme l’un des leviers de cette révolution numérique.
Emmanuel Vigne