L’heure est au tout minimal. Terme fourre-tout, omniprésent dans le jargon de la scène électronique, il s’est peu à peu vidé de son sens, trop souvent employé à mauvais escient, jusque sur les flyers des fêtes les plus grillées. Alors ? Rendons à César ce qui lui appartient… (lire la suite)
L’heure est au tout minimal. Terme fourre-tout, omniprésent dans le jargon de la scène électronique, il s’est peu à peu vidé de son sens, trop souvent employé à mauvais escient, jusque sur les flyers des fêtes les plus grillées. Alors ? Rendons à César ce qui lui appartient, et à messieurs Villalobos et Hawtin leurs titres de noblesse : empereurs de la rythmique vénale et de la mélodie décharnée. Que faire des autres, à qui l’on colle trop hâtivement cette étiquette sonore aux allures de Saint-Graal ? Tout simplement les scinder en deux catégories. D’un côté, ceux qui tentent de rendre actuelle une electro en manque d’inspiration, grâce à un pied de batterie aride et quelques clics convenus – autant dire les suiveurs. De l’autre, ceux qui ont digéré les influences des maîtres précités pour créer une nouvelle identité musicale… A l’instar de James Holden ou Mathew Jonson, le tout jeune Martinez fait partie de cette nouvelle génération qui participe à écrire le futur de la techno. Né en 1981, ce Suédois est venu très vite à la musique électronique : il achète ses premières platines avant même d’être en âge de passer les portes d’un club. Puis il se lance dans la production, et après quelques bonnes galettes sur la maison Guidance, est repéré par Steve Bug qui le signe sur son prestigieux label Dessous. L’Allemand ne peut être que séduit par la science mi-synthétique, mi-organique de Martinez : des compos « trancey » chargées d’émotions, qui ont vite fait de propulser le danseur dans un état de rêverie extatique, pour mieux s’attaquer à son bassin à grands coups de rythmiques épurées, au groove implacable. Un peu comme si l’énergie discoïde de Dj T rencontrait les nappes spatiales de Maurizio… En témoignent son excellente relecture, toute en finesse, du fameux The Sky Was Pink de qui on sait, et sa dernière compilation mixée, à l’efficacité grisante, sortie ce mois-ci chez Audiomatique (autre label dirigé par Steve Bug). Alter ego de Trentemoller, l’extravagance pailletée en moins, une réelle maîtrise des platines en plus, Martinez est sans conteste l’un des artificiers les plus prometteurs d’une certaine vision de la musique électronique : celle qui avance…
Jean-Pascal Dal Colletto
Le 7 au Spartacus, Plan-de-Campagne, minuit
Dans les bacs : Audiomatique vol.1 (Audiomatique/La Baleine)