Barouf d’honneur

La sortie en salles du dernier opus du cinéaste Christian Philibert, Massilia Sound System, le film, nous permet de revenir sur l’un des meilleurs cinéastes de notre région, qui parvient dans ses œuvres à tendre vers l’universel.

Dans une industrie cinématographique hexagonale dont nous soulignons régulièrement dans ces colonnes les dysfonctionnements, il est vital de s’intéresser particulièrement aux cinéastes qui ont décidé de s’affranchir — souvent à leur corps défendant — des diktats du marché, pour aborder avec liberté leur désir de réaliser, produire et distribuer leurs œuvres autrement. Une liberté dont il faut certes payer le prix fort — et injustement élevé —, mais qui continue à offrir les plus sémillants moments de cinéma. Dans notre région, s’il est un nom de cinéaste libre qui nous vient immédiatement en tête, c’est bel et bien celui de Christian Philibert. Le réalisateur de l’indémodable et panthéiste Quatre saisons d’Espigoule s’est battu comme un lion pour ne jamais cesser de développer une œuvre mêlant l’énergie à l’universel, l’écriture ciselée à l’intelligence de l’image. Face à un désengagement honteux des structures institutionnelles pour un cinéaste brillant, Christian Philibert a trouvé ses chemins de traverse pour continuer à faire exister ses films savoureux et généreux. Le dernier en date, Massilia Sound System, le film, sort désormais en salles à partir du 5 avril. Désormais, car la sortie officielle fut précédée d’une campagne de crowfunding et de nombreux mois d’avant-premières tonitruantes, aux quatre coins de la région et d’ailleurs, mêlant souvent film et musique, et venant prouver que l’énergie collective l’emporte sur les codes du marché. Une sortie en salles dont il faut s’emparer toutes et tous pour de nombreuses raisons : d’une part parce que le film est une plongée jubilatoire au cœur de ce groupe indépendant mythique, ensuite parce que la finesse de l’écriture, du montage, des témoignages recueillis hissent cet opus bien au-delà d’un simple documentaire musical, enfin parce que plus ce film sera vu, plus le bruit occasionné parviendra — sait-on jamais — aux oreilles d’institutions souvent trop sourdes, et n’ayant qu’un vague intérêt pour les gestes cinématographiques de réalisateurs ne jouant pas le jeu dans les « règles de l’art ».

Emmanuel Vigne

Massilia Sound System, le film de Christian Philibert : dans les salles le 5/04.

Avant-première le 3/04 à l’Alhambra (2 rue du Cinéma, 16^e), en présence du réalisateur , de Papet J et Janvié de Massilia Sound System.
Rens. : 04 91 03 84 66 / www.alhambracine.com/

Pour en (sa)voir plus : https://www.facebook.com/MassiliaSoundSystemLeFilm/