Entrée : collaboration avec Sbagliato © Laurent-Carte

Matière Noire à la Galerie Saint Laurent

Matière à réflexion

 

Avis aux retardataires : si vous n’avez pas encore eu la chance de visiter à la Galerie Saint-Laurent l’exposition Matière Noire co-réalisée par Gonzalo Borondo et des artistes invités de toute l’Europe, c’est la dernière semaine avant finissage…

 

Jeune artiste issu de la scène graffiti madrilène, Borondo explore cette fois à Marseille la thématique de la matière noire, soit le 95 % de ce qui nous entoure et que l’on ne peut pas voir, après avoir fait vibrer Londres par son exposition Animals.

En résidence pendant trois mois au Marché aux Puces, Edoardo Tresoldi, BRBR Films, Diego López Bueno, Isaac Cordal, Robberto Atzori et Sbagliato et l’artiste Carmen Main, commissaire d’exposition, ont œuvré à créer des dispositifs d’exposition in situ à partir de la matière chinée sur place.

L’idée forte de l’exposition repose sur un questionnement autour des différentes perceptions possibles de la réalité, et de l’impossibilité inhérente à l’humain à disposer de la vérité. Quand on l’a rencontré, Borondo nous a donné quelques pistes concernant ce que le collectif d’artistes a cherché à véhiculer au travers de l’exposition : « Le message que nous essayons de faire passer est que nous ne connaissons jamais le vrai visage des choses. Les choses ne sont jamais exactement comme nous les voyons… L’idée de matière noire, c’est, en quelque sorte, une façon de dire qu’il ne faut pas se baser sur des préjugés pour vivre. »

La matière noire, c’est politique ? « C’est une métaphore pour parler de toutes les questions politiques… Cela revient à dire qu’on ne peut jamais être sûr de ce qu’est la réalité. Et, donc, il ne faut pas juger ou véhiculer des préjugés qui portent préjudice aux autres, car tu ne sais jamais ce qu’il se passe réellement. »

La réflexion a pris corps in situ, et l’artiste fait le parallèle entre la fragmentation quartiers Nord/centre-ville de Marseille en rappelant que sans les premiers, la cité phocéenne ne serait pas la même. Le message est véhiculé par des dispositifs immersifs, interactifs, où l’inventivité de Bill Viola se mélange aux mises en scène du Musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk. Tout au long de son parcours, le spectateur se délecte des détournements, reproductions, recolorisations des objets antiques, et se laisse immerger dans l’essence du Marché aux Puces à l’aide de savants jeux d’optique. Que ce soit en questionnant la vacuité de l’existence, le mythe de la caverne de Platon ou la poésie du temps qui passe et la présence du temps religieux, les artistes ont réussi à redonner voix à la mémoire des antiquités. Un voyage cérébral et envoûtant à ne pas rater.

 

Florence Pondaven

 

Matière Noire : jusqu’au 31/01 à la Galerie Saint Laurent (130 chemin de la Madrague-ville, 15e).

Rens. : 09 83 98 24 16 / 06 76 91 42 61 / www.galeriesaintlaurent.com

Finissage mercredi 31/01 à partir de 18h