Infinite Bisous

Midi Toulon Festival

À bon port

 

Toujours en place, le MIDI Toulon Festival s’offre quelques figures montantes de la scène pop française. Et, comme d’habitude, on atteste.

 

Le Toulonnais MIDI fait sa rentrée en grand, au foyer Campra de l’Opéra de Toulon, d’abord, avec deux concerts très attendus. Ceux de Juliette Armanet et Infinite Bisous. Après avoir gagné le concours de musique des Inrocks (Les inRocks lab) il y a deux ans, Juliette Armanet publie un album labellisé chez Barclay, Petite Amie. Douze titres, une voix cristalline, sucrée, et des textes ultra poétiques aux jeux de mots aussi fins que sa voix. Peut-être parce que Juliette a été journaliste, elle connaît les mots et, plus précisément d’ailleurs, comme en attestent fréquemment ses chansons, les maux d’amour. Fille de parents pianistes (bon sang ne saurait mentir), elle joue aussi parfaitement du piano, souvent dans des rythmes aussi doux que ne paraît son visage. De temps en temps, comme dans L’Amour en solitaire, se la jouant mélo, un petit rythme électro vient nous rappeler la modernité de ses créations, et casser l’aspect peut-être un peu trop romantique du registre majoritairement choisi par la demoiselle. Comme une vague réminiscence de Bashung, probablement, qu’elle a fréquenté musicalement à haute dose.

Rien à voir avec Infinite Bisous, nom de scène choisi par Rory McCarthy, chanteur anglais qui vit à Paris. Il a d’ailleurs la gentillesse de vous répondre sur Twitter lorsque vous lui annoncez venir le voir en concert… Présent sur les réseaux sociaux, on le reconnaît à ses longs cheveux en parodique Christ crucifié sur un balai. Tirée de son album w/love, disponible uniquement en format numérique, l’excellent Life + you fait par exemple entendre, sur un début électro à la Trentemøller, une voix androgyne qui le rapprocherait un peu de Cigarettes After Sex. Assez envoûtant, le clip de la chanson offre la vision d’un verre de vin qui se remplit et se déverse, un peu comme un flot de sang. Cela traduit l’aspect plutôt mélancolique de cette pop expérimentale, dont on se languit à ce jour de pouvoir écouter plus de morceaux sur la toile…

Si focus est fait sur cette première embardée, ce serait sans compter sur un samedi plein de paillettes, la tête dans les étoiles dès le début de l’après-midi. Entre la folk de Marietta (signature Born Bad, valeur sûre), le charme vintage de la pop électronique de Superhomard ou le « low-fi tendance Pavement en vacances australo-californiennes » de Lemon Swell. Tout cela sans laisser de côté les habitués des clubs, au Barathym avec Dub Striker, au Metaxu avec Malcolm, au Stardust avec Angle Mort (« comme les phares d’une voiture dans la nuit ») et la scénographie de Broü Hähä…

La programmation transgénérationnelle du MIDI laisse donc entendre, comme à l’accoutumée, tout un pan du renouveau pop/rock (souvent dans ses franges indie) en plein dans les enjeux de son époque, mais pas seulement donc, en faisant (plus que) du pied aux nouvelles esthétiques électroniques taillées pour le plein air ou le club. Et cela dans une ambiance volontiers familiale, empreinte de découvertes et de tendres moments, à l’instar de l’après-midi MIDI Kids pour les plus jeunes… Il s’agira une fois encore de faire de Toulon une ville pop. Et l’on atteste, vous dit-on.

 

Aude Granier Chamboncel & PM

 

Midi Toulon Festival, du 06/10 au 8/10 à Toulon.
Rens : www.midi-festival.com

Le programme complet du Midi Toulon Festival ici

 

Soundcloud de DUB STRIKER

Soundcloud de Lemon Swell