Mordant de lait

Cric Crac Croc, je vais te croquer est le titre mordant de la grande histoire parue en mai dans le magazine mensuel jeunesse Tralalire. Fruit d’une collaboration à distance entre une auteure marseillaise et les éditions parisiennes Bayard, ce texte jeunesse marque la concrétisation d’un projet longuement travaillé.

Sous les traits de cette histoire simple se cache en réalité le travail d’écriture long et précis réalisé par Alexandra Montsaingeon. Nous avions eu l’occasion de découvrir cette artiste pluridisciplinaire dans l’exposition Sur le Fil au cipM. Alors que ses labyrinthes de ruban occupent tout son temps et son espace, elle investit un autre champ de la création qui lui tient à cœur, l’écriture pour enfant, et voit son premier texte jeunesse édité. Un crocodile aux couleurs vives, sous le trait de crayon épuré de Stéphanie Blake, en guise d’illustration de ce conte doux et malicieux à destination des tout-petits. Encouragée aujourd’hui par sa fille, Alexandra Montsaingeon écrit des textes pour enfant depuis plus de dix ans. Patience et passion sont les maîtres mots guidant sa création ; plonger dans les méandres de la littérature jeunesse, c’est avant tout essuyer des refus mais surtout persévérer. Cric Crac Croc est né en 2011, et il a rencontré de nombreux obstacles avant d’être disponible en librairie : des contraintes d’édition liées aux lignes éditoriales de chaque maison, et des contraintes liées au public concerné. Après un passage obligé par un comité de lecture, des retouches et des corrections, la publication est enfin programmée. Il y a peu de mots mais ils sont simples et choisis avec soin. Cette première expérience réussie lui donne l’envie d’aller plus loin ; elle ambitionne de donner à ses autres textes une existence à part entière dans des « albums autonomes », et d’en dessiner elle-même les illustrations. La littérature jeunesse est intergénérationnelle, elle permet de nouer des liens, et les perspectives de partage autour de cette création sont infinies. Alexandra Montsaigeon souhaite ainsi construire un projet pédagogique avec des ateliers scolaires suivis, faits de lecture et de partage, autour du processus de création littéraire et artistique. Une façon de faire vivre les mots au-delà du papier glacé ; de beaux projets qui, on l’espère, se concrétiseront eux aussi.

Aleksandra Lebrethon

Tralalire n°174, mai 2015 : disponible en kiosque et librairie