Millefeuille | Une vie de poèmes… de Simone Marie-Hélène Dalbera
Mise aux vers
Quoi de mieux pour se remémorer sa jeunesse que de coucher sur le papier ses souvenirs les plus marquants ? Le recueil Une vie de poèmes… de Simone Marie-Hélène Dalbera nous plonge dans des moments de vie intimes, mais empreints d’universalité.
Avec la cité phocéenne en fond, ce recueil de poèmes est le fruit de plusieurs décennies d’écriture, d’une vie passée à conter des évènements et des sentiments personnels. Comme dans un journal intime, Simone Marie-Hélène Dalbera semble ne pas écrire dans le but d’être lue par un grand public. Ce qui donne l’impression que l’œuvre existe par elle-même, et non en fonction de sa réception par de potentiels lecteurs.
De façon inattendue, ces derniers se sentent tout de même invités à rejoindre ce voyage temporel. Mêlant des thèmes divers, allant de déclarations destinées à des êtres chers (matérialisées par la dédicace en début d’ouvrage « À mes amis, à mes amours, à mes enfants ») à des pensées pour soi, le recueil se lit comme une véritable ode à l’amour et à la vie. Sa force réside dans sa capacité à donner à voir sans artifice ce qu’est la réalité, avec ses souffrances, ses joies, les rencontres que l’on fait et le cheminement personnel qui s’impose à nous.
Constante dans son style d’écriture, la plume de la poétesse nous offre un point de vue singulier et immuable malgré le temps qui passe (certains poèmes datent des années 70, d’autres de 2021). Au-delà de l’expression de ses sentiments, l’autrice n’hésite pas à évoquer l’actualité, tout en conservant son point de vue personnel. Les poèmes La Liberté et Le jour d’après sont ainsi dédiés à ce qu’a pu lui inspirer le Covid, non pas rétrospectivement mais à l’instant même où l’épidémie faisait partie intégrante de nos vies. Ils se présentent alors tels des témoignages de ce qui a marqué notre époque : Le Jour d’après raconte par exemple sa première injection du vaccin.
Se caractérisant toujours par son originalité, entre acrostiches, anaphores et formes dénuées de toute contrainte, on peut sentir le plaisir qu’elle a pris à donner forme à ce recueil. Bien qu’elle aborde des thématiques personnelles souvent dures, comme la séparation avec un enfant, exprimée en particulier dans le poème Silence, l’espoir l’emporte toujours sur l’abattement, ce qui pousse à poursuivre la lecture. En témoigne le vers « Sèche tes yeux et bats-toi », extrait du poème L’Enfer. La frontière poreuse entre joie et peine se manifeste dans le titre du poème Du sourire aux larmes, qui représente finalement l’ensemble de l’œuvre.
S’adressant à ses parents (À ma mère), ses anciennes amours (Mon cœur), ses enfants (À mon fils) et ses petits-enfants (Emy), elle incarne différents rôles au fil du temps— fille, femme, mère, grand-mère — qui se rejoignent tous au sein d’une seule et même figure : celle de poétesse.
Lara Ghazal
À lire : Une vie de poèmes… de Simone Marie-Hélène Dalbera (Éditions Les Trois Colonnes)