Retour sur Minuit de Yoan Bourgeois au Théâtre du Merlan (BIAC)
La terre vue du ciel
Dans le cadre de la Biennale internationale des Arts du Cirque, le Merlan programmait Minuit de Yoann Bourgeois. Un instant de fraicheur dans la nuit noire qui ouvre des perspectives d’avenir.
Minuit, c’est une tentative de prise de parole, où le petit homme, prisonnier d’un jeu d’obstacles, ne parvient pas à dérouler le fil de sa pensée. Le micro s’échappe, l’équilibre devient trébuchant et tout ce qui définit une verticale devient aléatoire. Minuit se construit sur plusieurs tableaux, emmenant le commun des mortels dans des jeux d’apesanteur. On dit d’une personne sensée qu’elle a les pieds sur terre. Ici, le non-sens bouleverse l’espace, générant un comique de situation où le fou rire n’est jamais loin. Un être fragile se stationne à haute altitude. Un clone de Charlie Chaplin rebondit dans le moelleux d’un trampoline, pour mieux gravir une à une les marches qui mènent vers l’éternel. Des tubes d’aluminium montent dans le ciel et redescendent dans un piqué de goélands. Le jeu du corps dans l’espace, cher au cinéma, transforme la scène en station orbitale, là où les débris s’entrechoquent, où le vide enveloppe le corps dans une ouate poétique et euphorisante. Minuit est une construction du temps qui s’étire jusqu’au point de rupture. Dans la simplicité des propositions, le circassien quitte un costume trop vieux pour rejoindre les désirs de l’humain. Il redécouvre la difficulté de tenir sur un ballon, il trébuche, il recommence, il s’accroche. Il redéfinit l’enfant dans ses rêves les plus fous, à la manière d’un rêve où l’on vole entre les buildings.
Karim Grandi-Baupain
Minuit de Yoan Bourgeois était présenté les 10 et 11 février au Théâtre du Merlan, dans le cadre de la Biennale internationale des Arts du Cirque