Miss Knife chante Olivier Py
De mâle en Py
Loin de se réduire à un numéro de « folle », Miss Knife, qui met en scène le double d’Olivier Py, offre un spectacle caustique, à mi-chemin entre le cabaret et le one (wo)man show.
Né au hasard d’un soir, Miss Knife est un sacré numéro. Perché(e) sur talons aiguilles, vêtu(e) de strass et affublé(e) d’une perruque blonde, Miss Knife entre en scène après que son boys band jazz a chauffé l’atmosphère dans la pure tradition du cabaret, donnant ainsi le ton — impertinent — de la soirée. Faisant de l’autodérision le fil conducteur de son spectacle, la starlette légèrement décatie va se moquer, deux heures durant, de nos mésaventures quotidiennes et de nos échecs sentimentaux.
Point de sobriété ni de rigueur ; ici, on s’encanaille. L’humour est plutôt gras, sans jamais verser dans le sordide. La pièce brille surtout par sa provocation et le réel talent lyrique de son interprète. A l’instar de son titre schizophrénique, Miss Knife chante Olivier Py, toute la force du tour de chant repose sur l’écriture à la fois profondément désabusée et vitale de ce dramaturge habitué des scènes contemporaines (notre homme est directeur de L’Odéon – Théâtre de l’Europe à Paris et bientôt à la tête du Festival d’Avignon). Si l’exercice ne paraît pas aisé (il s’agit quelque part de se mettre à nu), Olivier Py reste maître du temps et de l’espace scénique. Son efficacité s’avère redoutable, sa tessiture de ténor d’opéra-comique, surprenante, et le rythme de son cabaret, d’une impeccable maîtrise.
Joanna Selvidès
Miss Knife chante Olivier Py était présenté le 27/11 à la Criée.
Prochaine représentation : le 21/12 au Théâtre Liberté (Place de la Liberté, Toulon). Rens. 04 98 07 01 01 / www.theatre-liberte.fr