Munk le 25 en Dj-set à Seconde Nature
La Dolce Vita
Mathias Modica est l’homme qui se cache derrière le label Gomma et le projet Munk, dont le nouvel album sort cette semaine. Il est italien, a ses bases en Allemagne, mais se pose aujourd’hui comme une pièce maîtresse de l’échiquier musical phocéen. Presentazione.
C’est l’histoire d’un musicien, plutôt réputé, qui arrive d’outre-Rhin pour poser ses valises à Marseille. Pas l’inverse : des expatriés marseillais à Berlin opérant dans le même registre, électronique, il y en a eu hier (Danton Eeprom) et il y en a encore aujourd’hui (Humantronic). Non, là, c’est tout à la fois le patron du label Gomma — basé à Munich — et le multi-instrumentiste caché derrière le projet Munk, auteur de deux albums plébiscités par les circuits fermés de la hype, qui décide un beau jour de lâcher l’effervescence teutonne pour venir prendre un peu le soleil du midi. Dingue. Se passerait-il des choses à Marseille ? Oui : il y a des filles, et on peut penser qu’elles ont un peu plus chaud qu’à Berlin. Enfin, il y a la fille : la copine de Mathias, Mathias Modica, donc. Les filles occupent une place toute particulière dans la vie de Mathias : il les invite sur ses disques, surtout si elles sont nimbées d’une aura sulfureuse et sexy (Asia Argento et Dj Chloé par le passé). Pour son nouvel album, il en a carrément invité dix, de nationalités diverses, à venir chanter sur ses compos. Inaugure-t-il un nouveau costume de producteur pour ces dames, à la façon d’un Gainsbourg dont on « célèbre » ces jours-ci le vingtième anniversaire de la mort ? Un poil plus soft quand même : « J’aime la house et la bonne pop, et c’est ce que reflète cet album. Ces dernières années ont été dominées par de la musique électronique assez agressive, Boys Noize, Simian Mobile Disco, etc. Je pense qu’il est temps de revenir à quelque chose de plus doux, et quoi de plus doux que d’inviter quelques jolies filles ? » Si la musique de Munk reflétait jusqu’alors assez bien la diversité de styles qu’a toujours embrassés son label aux velléités rock (WhoMadeWho, Headman, Box Codax…), elle s’affiche aujourd’hui sous un jour plus lumineux, aguicheur… terriblement « italo ». Les racines de Mathias n’y sont bien sûr pas étrangères, et nous renvoient à une Italie sublimée où costumes chics, vespas et ragazzas se croisent sous le soleil brûlant des années 80. Une formule qui a forcément plu à pas mal d’acteurs de la nuit marseillaise, éblouis par le retour de la boule à paillettes (les branchés de l’axe Oogie/La Dame Noir, la marque Kulte, Nasser…), avec qui les collaborations n’ont pas tardé à venir. Alors, Marseille, prochaine place forte de la night ? « Marseille est l’une des rares villes en Europe où tu peux sentir qu’il va se passer un gros changement dans les dix, quinze prochaines années. La gentrification (1), la diversité culturelle… Je pense que c’est le bon moment pour venir ici : c’est un peu comme Berlin au début des années 90… quand chacun savait qu’il y aurait une grosse spéculation financière et d’importants changements d’ordre touristique. Je veux être là si ça arrive… et même si ça n’arrive pas ! Pour moi qui ai vécu à Berlin, c’est un vrai bol d’air que de venir ici. » Etonnant de la part d’un mec qui a l’habitude de fricoter avec des labels aussi cotés que DFA ou Ed Banger. Non ? « Ha ha… J’ai beaucoup de respect pour les gens d’Ed Banger, il nous arrive de faire des soirées ensemble, comme récemment à Bruxelles. Mais je ne suis pas vraiment dans leur musique. Il y a des similitudes, certes, en termes d’influences… sauf que nous avons commencé deux ans plus tôt, et que nous avons précédé certains de leurs choix. Gomma est plus proche de DFA artistiquement : ce sont des amis de longue date qui ont une approche musicale similaire, et qui, surtout, restent indépendants comme nous. » La grande force de la petite entreprise de Mathias, c’est qu’elle arrive effectivement à tenir en toute indépendance dans un contexte de crise qui n’a surtout pas épargné la musique, grâce à un énorme réseau de fans et une crédibilité sans failles. Dès lors, que notre homme décide d’en piloter une partie à côté des cigales et des sardines ne peut, logiquement, influer sur sa bonne marche. Et c’est très bien comme ça. Munk à Marseille ? Plus douce la vie.
Texte : PLX
Photo : Laurent Grino
Le 25 en Dj-set à Seconde Nature (27 B Rue 11 Novembre, Aix-en-Provence). Rens. 04 42 64 17 97 / www.secondenature.org / www.gomma.de
Dans les bacs : The bird and the beat (Gomma)
Notes- La rédaction tient à préciser qu’elle s’oppose complètement à ces propos.[↩]