Ils sont treize, assis autour de la scène, là pour nous dire et jouer leur vie, leur quartier, leur rue, entre quelques éclats de rire, un sourire qui laisser échapper le trac… Avec Habiter là, la compagnie de la Cité invite la rue et ses habitants au théâtre… (lire la suite)
Ils sont treize, assis autour de la scène, là pour nous dire et jouer leur vie, leur quartier, leur rue, entre quelques éclats de rire, un sourire qui laisser échapper le trac… Avec Habiter là, la compagnie de la Cité invite la rue et ses habitants au théâtre.
Marseille nous murmure des petits riens au creux de l’oreille. La voix des habitants s’anime, une longue mélopée prend corps sur scène. Chacun dessine avec les mots, les intonations et les gestes « son » Marseille, ce que la ville lui prend et lui donne, la vie qui y fleurit, fane, et refleurit à l’infini. Les murmures peu à peu se détachent, s’identifient, se singularisent. L’un après l’autre, les uns avec les autres, les habitants peuplent leur quartier, revisitent leurs rues. Ils s’invitent à une mutuelle découverte de la rue d’en face, celle qu’on n’habite pas et qu’on laisse, par faiblesse, dans un mirage d’obscurité, dans l’ombre, comme une pièce peu familière dont on n’ose ouvrir ni la porte ni la fenêtre par peur de l’inconnu.
« A Marseille, on te demande d’où tu viens, quel quartier tu habites, et on t’a cerné », dit une voix. Ces quartiers hétéroclites — Malmousque, la Canebière, Noailles… — définiraient notre personnalité ? Non, ce sont plutôt des lieux de vie et de passages, où se tissent une toile de destins, le nôtre et celui du voisin. Tous embarqués sur le même pont qui fourmille de passerelles, quand on sait ouvrir les yeux, pour passer d’une porte à une autre, d’une rue à celle d’en face. « Si je ne fais pas l’effort, Marseille sera toujours une ville de province… », dit une autre voix.
Un geste simple : sortir de chez soi. Sortir de soi. Regards distants, préjugés, colère, petits bonheurs, échappées, regards amoureux, portraits ironiques des « néo-Marseillais »… Autant de petits riens qui donnent un sens au fait d’habiter là.
Après plusieurs années de collaboration avec des théâtres et des semaines de travail avec des amateurs avides de gestes, de paroles et de jeu, La Compagnie de la Cité a ouvert sa « maison de théâtre » dans l’ancien cinéma d’art et d’essai de la rue Edmond Rostand. Ses créateurs — l’acteur et metteur en scène Michel André et la vidéaste et documentariste Florence Lloret — l’ont voulue comme un lieu de répétitions, d’échanges, d’ateliers et d’initiatives. Mission accomplie.
Diane M.
Habiter là était joué du 16 au 19 à La Cité.
A prévoir : un atelier « Le rapport de l’acteur à la caméra » les 10 et 11/06 et le spectacle Paroles d’errance par la Cie LaisseToiFaire les 16 et 17/06.
Rens. 04 91 53 95 61