My blueberry nights – (France/HongKong – 1h34) de Wong Kar-waï avec Jude Law, Natalie Portman, Norah Jones…
In the bouse for love
Si le ridicule ne tue pas, et que tout ce qui ne tue pas rend plus fort, il est certain que le prochain film de Wong Kar-waï sera un chef-d’œuvre… On se demande encore comment le cinéaste hong-kongais, dont on chérissait la virtuose modernité, a pu nous servir un film aussi creux que ce désolant My blueberry nights. Il fallait déjà avoir l’idée de se coltiner une histoire pareille, niaise comme un extrait du courrier du cœur de Jeune et Jolie : Norah Jones incarne une fille larguée par son chéri qui, un soir de déprime et de brouillard, entre dans le snack tenu par Jude Law, aussi beau qu’insipide. Il la console, chouette ! Plutôt qu’une cure de Nutella© (comme vous) ou de se jeter dans ses bras (comme moi), elle décide de s’en aller parcourir l’Amérique et raconte ses péripéties au bellâtre resté faire des tartes aux myrtilles dans son pauvre snack. Vont-ils se retrouver ? L’aventurière et le beau pâtissier vont-ils se rouler dans la farine ? Les enfants naissent-ils dans les choux à la crème ? Qui veut du dessert ?… Filmé comme une mauvaise pub, le film ressemble à une grotesque parodie du cinéma de Wong Kar-waï par lui-même : la caméra flotte, les angles se multiplient, les néons flashent et l’image s’accélère… mais à vide, comme s’il n’y avait plus d’œil derrière la caméra, ou plutôt plus de cerveau derrière l’œil. Sous un déluge de gadgets narratifs qui ne pourront impressionner que les adolescentes, l’indigeste récit nous afflige, et encore je vous épargne les dialogues qui semblent avoir été écrits par Jean-Claude Van Damme ! Que cela rassure les cinéphiles avertis et autres penseurs de l’image, Wong Kar-waï demeure toujours en avance sur ses contemporains : son film représente aujourd’hui une certaine avant-garde du pire.
nas/im