Soyez sympas, rembobinez !
Tout en inventivité, Mystérioscope présente, sous forme d’installation, une sélection de films récents illustrant la tendance de nombreux créateurs à faire du bricolage un art et des effets spéciaux artisanaux un langage.
Mystérioscope réunit plusieurs films ou cinéastes dont la démarche se situe entre expérimentations cinématographiques (sans être dans le registre du cinéma expérimental), plaisir de perdre le spectateur, esprit de débrouille et très grande sensibilité artistique. A tout seigneur, tout honneur : l’exposition débute avec Georges Méliès, pionnier du trucage visuel et du cinéma qui a su utiliser ce medium comme une baguette magique. Les « trucs » qu’il invente au début du vingtième siècle, l’escamotage en particulier, sont peu ou prou les mêmes que ceux utilisés aujourd’hui par bon nombre de cinéastes. Le stop motion, ou pixilation (dont on peut voir un bon exemple avec Sorry I’m Late de Tomas Mankovski ou Deux Bagatelles de Norman McLaren) et tout le cinéma d’animation découlent directement de ce principe simple : prise de vue / pause / modification de la scène / nouvelle prise de vue. Le parcours se poursuit avec Projection Fantôme, quatre films qui reviennent à leur manière sur l’histoire du cinéma : apparitions, disparitions, inversions de points de vue, travail sonore… Enfin, un invité spécial, Eric Bernaud, propose avec la série pédagogico-burlesque Système D un regard bricolo sur la technique du cinéma en partageant des modes d’emploi pour faire des films avec ce que l’on trouve dans sa cave : toutes les techniques et les trucages du cinéma version vide-grenier… captivant ! Une fois de plus, pari réussi pour le Studio Fotokino qui explore les pratiques artistiques liées à l’image dans toute leur richesse poétique et leur diversité fantaisiste.
Nathalie Boisson
Mystérioscope : jusqu’au 13/10 au Studio Fotokino (33 allée Gambetta, 1er).
Rens. 09 81 65 26 44 / www.fotokino.org