Ni No Kuni (PlayStation 3 / Namco Bandai Games)
Fruit de la collaboration entre Level-5 et le studio Ghibli, Ni No Kuni : La Vengeance de la Sorcière Céleste est un rêve éveillé. Ce titre, précédemment sorti sur Nintendo DS au Japon, narre la quête d’Oliver, un jeune garçon dont la mère meurt subitement. Il fait alors la connaissance de Lumi, une fée qui lui apprend l’existence d’un univers parallèle et magique dans lequel sa génitrice serait encore en vie, chaque habitant de la Terre étant relié à une âme sœur vivant dans l’« Autre Monde » (traduction littérale du titre).
Le scénario n’est pas sans rappeler Le Voyage de Chihiro, par la quête initiatique vécue par l’enfant durant la quarantaine d’heures que dure l’aventure. Une trame qui le verra explorer des contrées hautes en couleur, aux environnements plus variés et sublimes les uns que les autres, via une maîtrise du cel-shading évoquant la maestria de The Legend of Zelda: The Wind Waker. L’émerveillement est la clef de voûte de ce jeu de rôle japonais aux mécaniques traditionnelles, le déroulement de l’intrigue passant par la découverte de multiples lieux, sources d’exploration et de combats.
Le gameplay de ces derniers, à mi-chemin entre un Tales Of et un Pokémon, prend place dans des arènes assez larges, en quasi temps réel : il est possible de tourner autour des ennemis, et seul le choix de certaines actions fige l’action. Les personnages luttent via des familiers préalablement capturés, les affrontements s’avérant soigneusement équilibrés, malgré les errances de l’intelligence artificielle qui prend en charge les autres membres de l’équipe. En sus de la trame principale, de très nombreuses quêtes annexes sont proposées : quand elles représentent une pénitence dans d’autres jeux, elles sont ici variées et permettent d’obtenir des améliorations autrement inaccessibles.
La principale originalité de Ni No Kuni réside dans un grimoire consultable dans les menus, ou sous la forme d’un livre (en anglais) pour les possesseurs de la version collector. Cet objet, fourni de facto sur Nintendo DS, apporte une interaction intéressante : en imposant notamment d’y rechercher des formules magiques ou des indices à certaines énigmes, il renforce notre implication. Le titre s’avère excellent sur le plan technique, proposant des séquences animées signées Ghibli et des visuels luxueux, sublimés par une patte graphique parfaitement retranscrite par les artistes de Level-5 (comme ils avaient su le faire avec Akira Toriyama sur les derniers Dragon Quest). Les musiques de Joe Hisaishi, compositeur-vedette du studio d’animation, sont magnifiques, la VOSTF (en anglais ou japonais) est toujours juste, la traduction française, d’une grande finesse, et la durée de vie, conséquente. S’il ne réinvente pas le genre, et pourra rebuter certains par les défaillances de l’IA, la candeur des protagonistes et, plus généralement, la représentation enfantine de son univers, ce J-RPG traditionnel propose un merveilleux voyage.
CT / SV