Nicolas Nicolini – Conditionnel : à la Straat Galerie
La fureur de peindre
La Straat Galerie a fait peau neuve et ouvre son nouvel espace, rue des Bergers, à l’exposition de Nicolas Nicolini. Conditionnel évoque un monde incertain dans lequel le regardeur se perd sans retrouver son chemin.
Nicolas Nicolini peint. Avant, il peignait à Marseille, aujourd’hui à Berlin.
Ses images ont la vigueur des peintures gestuelles et rapides d’une action painting d’aujourd’hui, mais dans laquelle s’immiscent des sujets classiques de paysages ou d’architecture. Intrusion d’un genre suranné dans une pratique d’où une douce violence, du mouvement et du corps, s’exprime tout en se comprimant dans des formats moyens là où on attendrait des murs entiers… Par certains aspects, Nicolas Nicolini rappelle David Hockney dans ses palettes et ses sujets d’architecture, mais dans la série des Tas, on n’est pas si loin du graff dans l’urgence de l’exécution, et l’émergence des formes. Dans les coulures et les traces de Nicolas Nicolini, on décèle une frénésie de peindre semblable à une fureur de vivre…
Alors peu importe le motif puisque la peinture parle d’elle-même. Peu importe l’image, elle se noiera avec toutes les images artificielles produites ; elles se valent et elles s’annulent. L’idée ici est bien de peindre, d’inventer un langage pour exprimer l’indicible. Et comme le note Gerhard Richter, à quoi bon commenter le geste puisque la peinture exprime les choses dans sa propre langue ? Nicolas Nicolini peint des formes dans lesquelles on reconnaît des images qui nous sont familières, mais qui pour autant ne sont rien, ne sont nulle part ni personne. « Cet état indéterminé enclenche le doute », comme l’affirme l’artiste, mais il touche aussi à l’universel.
Céline Ghisleri