No Signal [Help?] par l’Ensemble 20 de l’ERAC à la Friche La Belle de Mai
Coup de jeunes
La jeunesse. Cet éternel mirage qu’on ne savoure qu’une fois qu’il nous a échappé… Avec No signal (Help?), Hubert Colas signe une œuvre nostalgique, parfois lyrique, submergée par la fugacité des sentiments et des relations.
Retrouvant le chemin d’une écriture sincère et émouvante, s’autorisant à explorer les tréfonds de l’adolescence d’aujourd’hui en toute liberté, Hubert Colas (avec la collaboration du cinéaste Jean-Jacques Jauffret) signe ici une pièce dont on ne saisit pas tout de suite l’impact. Comme souvent avec le metteur en scène, elle restera pourtant longtemps dans nos mémoires, retraversant nos consciences au détour d’une pensée.
C’est l’histoire d’une bande de jeunes qui ne marchent d’ailleurs pas tout le temps en bande, qui roulent sur le littoral de Marseille, qui courent dans les rues du Panier, qui cherchent l’amour dans des hôtels décatis ou qui s’ennuient dans des studettes d’étudiant. Des jeunes qui jouent, surtout à (se) faire peur, toujours dans l’action.
On saluera tout particulièrement l’interprétation des jeunes acteurs de l’ERAC (Ecole Régionale des Acteurs de Cannes), guidés d’une main de maître par le metteur en scène (la direction d’acteurs, rappelant par moments le travail effectué que les précédentes pièces de la compagnie Diphtong), ainsi que la fragmentation du récit, alternant moments de plateaux et projections.
Si les scènes d’amour manquent parfois de crédibilité, elles sont contrebalancées par quelques prises de risque, Hubert Colas n’hésitant pas mettre à nu — littéralement — ses jeunes acteurs dans des scènes lascives très réussies. Ce qui en aurait effrayé plus d’un étant donné le contexte pédagogique…
Côté scénographie, la Seita a été rétrécie par l’installation d’une boîte à l’intérieur de laquelle les acteurs jouent, et sur les parois desquelles les images sont projetées. Si ce dispositif n’autorise que classicisme en termes d’entrées/sorties d’acteurs, il crée un effet de virtualité qui renforce le sentiment d’être dans un no man’s land générationnel.
Si No signal (Help?) n’est au départ qu’un travail d’école, l’engagement artistique y est bien réel et l’on se laisse volontiers emporter dans le tourbillon de leurs errances.
Joanna Selvidès