Nouvelle Galerie : La Manufacture 284C
De belle facture
Une Manufacture dédiée au génie créatif et dont l’agence de communication voisine, à la fois mécène et partenaire, permet un certain rayonnement à Marseille ? C’est la combinaison ingénieuse lancée par Nathalie Dunoir et Sylvain Blanc, aficionados d’une forme d’art atypique, voire marginale. Un projet qui saura satisfaire à la fois le talent des artistes et la curiosité des badauds.
Derrière cet espace de cent trente-six mètres carrés situé à quelques minutes de l’Abbaye Saint-Victor, il y a l’idée d’une transmission artistique. Nathalie Dunoir, fondatrice et gérante de l’Agence Bleu Ciel jouxtant la Manufacture 284 C, en parle avec inspiration et passion.
Il y a tout d’abord un nom. Celui d’une ancienne manufacture de tabac, aux mains de Napoléon et qui révélait à l’époque la primauté du savoir-faire marseillais. Concernant le mystérieux code 284 C associé, il faut y voir un simple rapprochement Pantone avec l’Agence Bleu Ciel.
Il y a aussi un concept, une démarche originale pour une programmation éclectique. La Manufacture se revendique comme une rampe de lancement pour les artistes émergents. Ici, pas de critères de sélection. « On marche au coup de cœur », assure Nathalie. Sont accueillis photographes, plasticiens, musiciens, vidéastes… Les résidences proposées sont volontairement courtes (quinze jours), mais les évènements qui en découlent n’en sont pas moins populaires. « Pour l’exposition photos de Didier Illouz, les retours ont été impressionnants. Plus de deux cents personnes étaient présentes lors du vernissage ».
Les espaces culturels « chirurgicaux » ennuient Nathalie et Sylvain : « Nous voulons rendre l’art convivial. Le snobisme artistique exclut les gens. » Depuis avril dernier, le partage a commencé en beauté. C’est le Marseillo-Suédois Dubmood qui a ouvert les festivités, sur fond de notes électroniques. La prochaine résidence sera celle de Bernard Pras, artiste mondialement connu, spécialisé dans cette forme d’illusion magique et singulière qu’est l’anamorphose. Il y mettra à contribution les Marseillais afin de reproduire un personnage emblématique de la ville. Dévoilement prévu le 12 juin.
Enfin, si la Manufacture offre des perspectives inventives alléchantes, l’engagement personnel au-delà de cette initiative se révèle tout aussi charmant. « L’épanouissement chez moi ne se fait que dans la création. Ces résidences sont des bouts de prolongation de moi, de ce qui ne m’a pas forcément été donné à la naissance », confie Nathalie. Un aveu impérial pour celle qui se définit comme une « iconoclaste assumée » et qui compte bien assurer la pérennité du lieu. Les dés sont jetés.
Pauline Puaux