Olga s’habille en Prada

Olga s’habille en Prada

Dans Olga, dispositif femme, Fabiola Gonzales nous offre, avec un goût certain du décalage et du jusqu’au-boutisme, une fresque corrosive et « spirituelle ». Une tragicomédie insolite qui oscille entre clown et flamenco rococo… Unique, épique, caustique… (lire la suite)

Dans Olga, dispositif femme, Fabiola Gonzales nous offre, avec un goût certain du décalage et du jusqu’au-boutisme, une fresque corrosive et « spirituelle ». Une tragicomédie insolite qui oscille entre clown et flamenco rococo… Unique, épique, caustique.

Olga connaît tout du monde artistique. Normal, cette femme est un génie. Elle invente l’avant-garde, devance les tendances. Modèle pour les dieux, cette queen des temps modernes construit pour les autres des mythes quand ils en ont besoin. Elle éreinte Pina[1] pour sa mollesse, fustige Antonin[2] pour son anarchique masturbation intellectuelle. Bref, rien ne la vaut. Pourtant, dès son entrée en scène, on sent qu’on aura du mal à croire cette femme, que sa mécanique, quelque part, ne tournera pas rond. Lorsqu’elle nous parle d’elle, la patronne du 21e siècle étouffe littéralement sous sa pédanterie. Elle est d’une suffisance ridicule. Son vocabulaire, boursouflé de termes anglo-saxons, en fait une caricature, un Karl[3] au féminin. Un personnage tout droit issu de Cosmopolitain et de Vanity Fair. Peu à peu, elle passe aux aveux. C’est une inadaptée qui trimballe ses frustrations et ses échecs comme d’autres leur passé. Cette bifurcation, cette différence entre l’habit et le moine permet à Fabiola Gonzalez de massacrer brillamment et adroitement (le texte est vraiment ciselé de manière impeccable) une par une les défaillances de notre système. Tout y passe : le psycho-pop, le mystico-gazeux en vogue, la techno, la Chine, la poésie. Tout ! Jubilatoire !!

Lionel Vicari !!!

Notes

[1] Bausch

[2] Artaud… Antraud comme elle dit.

[3] Lagerfeld