Olivier Modr - Là où l’herbe pousse à la Compagnie

Olivier Modr – Là où l’herbe pousse à la Compagnie

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Sous l’herbe, les pavés

Voir Caochangdi : telle est la proposition d’Olivier Modr à travers une série de Pilgrims Unit Study photographies sur ce village aux portes de Beijing.

Pour planter le décor, une quinzaine de photos, une vidéo documentaire d’Olivier Modr (Caochangdi Rushes) et le film d’un invité, Alessandro Rolandi (Do Beijing White Cats Dream about an Harmonius Society ?), avec en bruit de fond les sons d’un chantier sans fin. Celui d’une de ces zones rurales proches de la capitale chinoise vouées à disparaître, grignotées par l’urbanisation qui a su se laisser apprivoiser par des artistes — notamment par l’activiste indépendant Ai Wei Wei, architecte du stade national pour les J.O. de 2008 et incarcéré près de trois mois en 2011. Leurs ateliers de briques et de fenêtres grillagées, qu’Olivier Modr a subtilement figés depuis son installation dans le village (il y a deux ans et demi), rappellent la dualité d’une société qui se modernise. Un contexte rural où l’art peine à s’immiscer et qui entraîne dans un même temps un focus néfaste vouant l’herbe à ne plus pousser. Le petit village se voit alors condamné à son succès, des maisonnettes de paysans et des galeries d’artistes naissant des immeubles. Les photographies suintent de cette atmosphère, tout est de briques, de mortier, de planches de chantier, d’empilements d’objets abandonnés. Cette transformation en marche s’accélère et semble être perpétuelle, quand le photographe suggère autant une brume matinale que les bleus du ciel des journées claires et l’ambiance des lumières artificielles à la tombée du jour. La nouvelle société chinoise semble ne plus vouloir perdre de temps. Malgré ce chaos et ce désordre ambiant, l’humain transpire de ces clichés. Les silhouettes et les visages de ceux qui, sur place, ont dû s’adapter se dessinent : ceux des paysans devenus maçons, des jeunes femmes qui zigzaguent au milieu des bétonneuses et engins de chantier en talons ou en scooter, des taxis en passant par les pousse-pousse et leur lot de clients… la vie, la population est présente — et même de trop.
Olivier Modr saisit ce paradoxe et se laisse du temps, se fixe en modeste observateur, en se situant aux frontières du documentaire, suscitant les interrogations là où la couleur verte n’est plus qu’un souvenir.

Christelle Giudicelli

Olivier Modr – Là où l’herbe pousse : jusqu’au 17/03 à la Compagnie (19 rue François de Pressensé, 1er). Rens. 04 91 90 04 26 / www.la-compagnie.org

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