Savez vous que les Latino-Américains qui rejoignent l’Europe se lamentent de voir la Lune à l’envers ? Qu’ils ne retrouvent pas leur « Grande Ourse » dans le ciel étoilé, quatre astres en X qu’ils appellent « Croix du Sud » ? Ce propos n’est pas de relayer les dernières sorties du spationaute Thomas Pesquet sur Twitter. La distance prise sur les événements, la perception différente, vue de loin ou de l’intérieur, relativise le flot des nouvelles qui entoure une campagne présidentielle. Nous sommes censés parler d’avenir, de futur commun. Voir la Terre en entier. On exige des chiffres, des comptes à l’équilibre, des économies. On se regarde le nombril. On raille celui qui rêve ou celui qui veut interdire les licenciements, mettant le doigt sur l’ignominie des exigences coupables du dividende. Dans une émission de télé récente, une « chroniqueuse » n’a pu réprimer un fou rire à la face de Philippe Poutou, candidat à l’élection présidentielle pour la gauche révolutionnaire, qui revendique cette mesure. Les rires pour signifier le mépris. Les rires pour revendiquer la distance. Les rires pour arme. Des armes sans poésie. Combien d’occasions manquées, à grande écoute, de combattre avec toute la puissance nécessaire les idées qui nous font réellement froid dans le dos. Celles qui promettent de chasser les étrangers et les fonctionnaires. D’expliquer à longueur de journée que l’économie n’est pas une fin mais un moyen. De débattre des fins. Sans a priori. Mais l’horizon est fini. La date : 7 mai 2017. Après, on ferme les bans. On tire le rideau. Prochaine représentation dans cinq ans. Entre temps, si vous voulez rêver, imaginez l’infini ou voyez la Lune. C’est un visage ou un lapin ?
Victor Léo