ON NE DEVRAIT PAS EXISTER – (France – 1h30) de et avec HPG, avec LZA, Benoît Fournier…
HPG est un acteur porno. Il a décidé de passer à la réalisation. Son premier film nous raconte le désir d’un acteur porno en panne qui veut réintégrer un circuit plus classique. Acteur et réalisateur, HPG ne laisse que peu de place à la fiction en filmant le récit de ce qui semble avoir été son propre parcours. Autofiction, ou plutôt ego-fiction… (lire la suite)
Beaucoup de bruit pour rien
HPG est un acteur porno. Il a décidé de passer à la réalisation. Son premier film nous raconte le désir d’un acteur porno en panne qui veut réintégrer un circuit plus classique. Acteur et réalisateur, HPG ne laisse que peu de place à la fiction en filmant le récit de ce qui semble avoir été son propre parcours. Autofiction, ou plutôt ego-fiction, On ne devrait pas exister porte en lui quelques belles promesses qu’il ne pourra malheureusement tenir jusqu’au bout. Sonder l’écart existant entre le cinéma porno et le cinéma traditionnel, définir la part de jeu qui est portée par l’acteur… autant d’interrogations formulées par ce film qui ne nous fournit que de faibles réponses. Pour dépasser le stade d’un brouillon de biographie filmée, le film aurait gagné à créer une réelle distanciation entre l’auteur et le personnage, entre HPG le réalisateur et Hervé l’acteur qui veut apprendre à jouer. Cette constante mise en scène de soi est décevante, et elle en devient même énervante à force de nous montrer cet apprenti-acteur borné, cette masse musculeuse vieillissante qui semble perdue et cherche désespérément à apprendre sans écouter l’autre. Lors de son premier casting « traditionnel », il investit la scène, agresse verbalement les autres candidats et leur demande de jouer, avant de faire état de son savoir-faire, c’est-à-dire se foutre à poil et mimer une scène de cul. L’accueil est chaleureux : « On dirait un mongolien ! », « Dégage ! », et Hervé (ou HPG, au choix) de déclamer qu’il n’y a pas de différences entre la vie et la scène, que pour jouer il faut vivre, et que lui, avec son passé d’alcoolique et de junky, réussira plus facilement à incarner un personnage en rupture. C’est à ce moment-là qu’on s’aperçoit que la fiction ne décollera jamais, trop attachée à rester dans « le vrai », refusant ce « mensonge » qui est le rôle de l’acteur. Il y a toutefois de jolis moments, comme celui où Hervé force les portes de la Cinémathèque Française à l’aide d’un tournevis et d’un gode — drôle et touchante volonté d’investir le cœur du cinéma d’auteur. « Modération » : ce mot revient constamment dans la bouche d’Hervé comme un objectif qu’il n’atteindra jamais, une antithèse salvatrice à ses excès permanents, et lors du seul moment où il semble en mesure de vouloir réellement « apprendre à jouer », il en oublie le texte et se retrouve désemparé sur scène, aussi impuissant que lors de son dernier tournage X pendant lequel il cherchait désespérément à bander. En exposant ainsi sa propre impuissance devant le métier de comédien, HPG s’est mis une nouvelle fois à nu, et même si sa volonté semble sincère et ses ambitions louables, cette impudeur excessive condamnait le film dès le départ.
nas/im