Onomatopee © Sanne Peper

Retour sur Onomatopées, au Théâtre d’Arles et au Bois de l’Aune

L’appel de la forêt

 

Début de saison remarquable dans l’accueillante salle du Bois de l’Aune. Si les propositions se suivent sans se ressembler, elles ont toutes en commun une exigence artistique sans faille. Les Belges étaient récemment à l’honneur avec l’excellente et très juste Cerisaie de Tg STAN et des Onomatopées fracassantes et ubuesques, fruit de l’association entre les compagnies Tg STAN, De Koe, Dood Paard et Maatschaappij Discordia.

 

Dans la salle inversée, les cinq capitaines de bord nous attendent, clope au bec et sourire aux lèvres. De la menthe fraîche déborde des cageots, ils commencent comme si de rien n’était à discourir sur le thé, l’eau, le sucre, le café… Peu de sens au début, peu de fond aussi, mais la présence solaire, simplissime et géniale de cinq acteurs fabuleux, avec pour seule préoccupation de passer ensemble un « bon et agréable moment ».
Au centre, on reconnaît Peter Van den Eede, irrésistible chef de file de la bande à De Koe. A ses côtés, Damiaan De Schrijver, un air de capitaine Haddock un peu bourru et éminemment sympathique ; Matthias de Koning de Maatschappij Discordia, détenteur pointilleux du « texte » ; Willem de Wolf, grand échalas d’un appoint impeccable ; et Gillis Biesheuvel, galopin aux allures canaille, sans doute le benjamin de la clique.
Beaucoup de mots défilent, le langage servant de matériau aux jeux de clowns poétiques et théâtraux. Le gang d’histrions se chamaille et s’interpelle, les corps dérapent, s’agitent, les buts sont abscons, la logique dégénérée. L’absurde se construit, à mesure que les pans du cadre se déchirent. Enfin, la faune surgit sur le plateau, les appeaux hululent et la forêt brame. Le public est alors invité à traverser le miroir, et dans l’envers du décor ruiné, onomatopées et poésie se joignent à l’unisson.
Au final, un spectacle jouissif et hilarant, dont on se délecte de la sublime et grave légèreté.

Barbara Chossis

 

Onomatopées était présenté du 12 au 14/11 au Théâtre d’Arles et du 19 au 21/11 au Bois de l’Aune (Aix en Provence).