Ovairedose

Ovairedose

Qu’est-ce qu’une femme ? Si la question, à moins de s’en tenir à une définition strictement biologique, représente un véritable casse-tête, y compris pour les féministes, il en est certains qui ne s’embarrassent d’aucune précaution pour y répondre. Emmenés par leur chef Éric Ciotti, qui a déclaré le plus sérieusement du monde que le féminisme était « d’abord de droite », des membres des Républicains, rejoignant par là même leurs « collègues » du Rassemblement National, ont ainsi, à l’occasion des discussions sur la réforme des retraites, dévoilé le (fin) fond de leur pensée : une femme est d’abord une mère. Car ils ont beau s’enorgueillir de défendre « les femmes », les amendements qu’ils ont déposés, que ce soit à l’Assemblée ou au Sénat (baisse de la CSG sur les revenus d’activité des mères, aides dès le premier enfant, surcote de 5 % pour les mères d’au moins deux enfants avec une carrière complète à partir de 63 ans…) ne laissent pas beaucoup de place au doute. Et encore moins le conditionnement de leur soutien à la réforme à des mesures fortes pour les « mères de famille ». Certes, cette vision nataliste, relancée de concert par la droite « tradi » et l’extrême droite (dont elle fait partie des fondamentaux), relève en réalité d’une équation toute simpl(ist)e, qui a plus à voir avec la politique identitaire des deux partis que leur politique économique. Comme le résume et l’assume d’ailleurs le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau : « La question démographique est une question idéologique, car pour financer un régime par répartition, c’est soit plus d’enfants, soit plus d’immigrés. » Mais, au-delà de son aspect éminemment xénophobe, ce projet nataliste, qui ramène sans cesse les femmes à leur appareil reproductif, peut difficilement cacher son sexisme. Le féminisme, s’il n’a en réalité aucun rapport avec la vision étriquée des Ciotti et Bardella, n’a cependant — et évidemment — aucun problème avec la maternité. Du moment que les femmes, peu importe la définition qu’on en fait, décident. Ou, pour le dire autrement, lâchez nos utérus !

 

CC