« Tu comptes écrire sur untel ? », « On ne peut pas passer à côté de ce sujet ! », « T’as vu ce qu’a dit machin ? », « Ça ferait un bon édito ! » Tous les quinze jours, la rédaction récolte son lot d’idées pour le papier inaugural du journal. Et tous les quinze jours, les mêmes questions se posent : de quoi parler ? Comment en parler ? Et surtout : est-on capable d’en parler ? Si l’édito de Ventilo relève plus du billet d’humeur — même argumenté — que du positionnement franc et direct sur un sujet, et si, comme tout le monde, on a un avis sur nombre de choses, de la plus banale à la plus « touchy », doit-on pour autant s’exprimer, y compris à notre humble échelle ? Autrement dit, à l’instar de ces « toutologues » professionnels qui peuplent les plateaux radio et télé, doit-on s’adonner à l’ultracrépidarianisme ? Formé sur la locution latine « Sutor, ne supra crepidam » (« Cordonnier, pas plus haut que ta sandale »), ce mot aussi difficile à