Quand on sait que les États-Unis n’ont eu de cesse, depuis plus de soixante-dix ans, de vampiriser la (pop) culture all around the world, l’expression « américanisation de la société française » peut prêter à sourire.
Au vu du climat socio-politique actuel, on peut pourtant — et légitimement — penser que ladite américanisation, loin de se limiter aux sodas, aux blockbusters ou aux GAFAM, s’accélère de manière exponentielle, jusqu’à atteindre notre façon de vivre, de « faire société ». Un comble au pays des Lumières… et, à vrai dire, une source d’inquiétude.
Il y a d’abord et évidemment ce libéralisme économique mortifère dans lequel l’hexagone s’est engagé depuis bien (trop) longtemps maintenant, poussé à son paroxysme avec l’arrivée au pouvoir de la macronie, dont le programme n’a rien à envier au reaganisme et au thatchérisme des années 80. Une illustration de cet état de fait, même si elle peut paraître dérisoire de prime abord, est l’avènement des cagnottes en ligne. Si comme tout un chacun, on peut se réjouir de la générosité des Français, on peut aussi — et surtout — déplorer le passage d’une société de solidarité (via l’impôt) à une société de charité (mal ordonnée…), dont le libéralisme s’accommode parfaitement. Comment en effet se féliciter de cagnottes privées bien remplies pour nos soignants alors qu’il s’agit en fait d’individus se substituant à l’État et palliant ses manquements ? Doit-on s’y habituer ?
Et puis il y a ce puritanisme rampant, symbolisé par la récente « affaire » des crop tops. Certes, on pourrait considérer ce barouf médiatico-politique comme une « distraction » permettant de décentrer l’attention du plus grand nombre face à la gestion déplorable de la crise sanitaire ou la réforme des retraites par exemple. Mais l’on peut tirer des conclusions quelque peu effrayantes de l’immonde sondage d’opinion réalisé par l’IFOP : l’avènement d’une pensée liberticide grandissante au sein de la société française, copiant les affreuses bondieuseries de sa cadette d’outre-Atlantique sous couvert de « tenues républicaines ».