Parmi tous les arguments fallacieux avancés par la « majorité » présidentielle pour justifier sa réforme des retraites, il en est un qui occupe une place de choix dans la rhétorique gouvernementale, jusqu’à en devenir un totem : la « valeur travail ». Lors de ses vœux du 31 décembre dernier, le président de la République l’a assénée à maintes reprises, présentant le travail comme la panacée, le remède à tous les maux du siècle. Il y a peu, Gérald Darmanin fustigeait « le gauchisme paresse et bobo », auquel il oppose « les belles valeurs du travail, de l’effort, et du mérite. » Cette notion de « valeur travail » regorge de sous-entendus — et de malentendus. À commencer par l’idée que les détracteurs de la réforme ne seraient que des feignasses, réclamant ce « droit à la paresse » que Paul Lafargue théorisait voilà plus d’un siècle dans son essai éponyme. Cette « valeur travail » semble elle aussi dater d’un autre temps. Ils ont d’ailleurs beau s’en réclamer haut et fort, ceux qui nous