Bernard Stiegler était notre ami. Il ne nous connaissait pas, mais nous lisions ses livres, nous écoutions ses conférences, nous suivions ses cours en ligne. Le 5 août 2020, il s’est éteint et il nous manque. Il nous aidait à penser, y compris dans la disruption. Il n’aurait peut-être pas aimé voir son portrait en une d’un magazine — fut-il culturel et gratuit — à la manière d’une icône pop. Lui qui a tant écrit sur les médias audiovisuels, il ne les fréquentait pas beaucoup, laissant à d’autres le jeu de la parade médiatique. On l’a dit difficile à lire. C’est vrai. Mais si la lecture est accompagnée des nombreuses conférences ou entretiens que l’on trouve en ligne, son discours devient lumineux. Sa philosophie est concrète et active. Penser le monde signifie pour lui en prendre soin — le panser (Qu’appelle-t-on panser?) — d’où par exemple ses expériences sociales autour de la question du travail et du revenu contributif à Plaine commune. Alors