La Compagnie Vol Plané enferme dans un appartement deux personnages burlesques qui tentent de saisir la réalité du monde contemporain à travers ses excès : le règne des objets, le déferlement continu de l’information. Une parabole hallucinante et décapante sur les illusions et l’isolement de l’homme moderne… (lire la suite)
La Compagnie Vol Plané enferme dans un appartement deux personnages burlesques qui tentent de saisir la réalité du monde contemporain à travers ses excès : le règne des objets, le déferlement continu de l’information. Une parabole hallucinante et décapante sur les illusions et l’isolement de l’homme moderne
L’appartement pourrait avoir l’air normal. Mais il ne l’est pas : les armatures des cloisons sont apparentes, les lits couverts de pelouse, il y a des murs qui s’évanouissent quand on les traverse. Même impression concernant ses deux occupants : malgré leurs soins maniaques, ils portent des costumes mal ajustés et curieusement désuets, comme sortis d’un vieux placard. Et quand ils dressent la table du petit-déjeuner, c’est avant tout pour la photographier : histoire de montrer qu’ils sont capables, eux aussi, de préparer un petit-déjeuner dans leur joli appartement bien équipé… Il y a quelque chose qui cloche. De toute évidence. Et ça ne va pas s’arranger au cours du spectacle. Mais ça, les deux protagonistes sont justement incapables de le voir : c’est le propre des personnages burlesques. « Condamnés à l’immortalité, murés dans le présent », prisonniers inconscients d’un « rapport avec le monde simple, naïf, proche de l’enfance », comme le soulignent les comédiens Jérôme Beaufils et Alexis Moati, ils sont incapables de distinguer la réalité de l’imaginaire. Et ils sont du genre à tout prendre au pied de la lettre : les symboles pour des réalités, les slogans publicitaires pour paroles d’Evangile…
Autant de caractéristiques qui font du burlesque un registre incomparable pour montrer, par l’absurde, les travers de l’homme contemporain face aux simulacres des sociétés modernes. Un registre exploré depuis 1994 par la Cie Vol Plané, qui a cette fois choisi de confronter ses clowns à deux nouveaux phénomènes : la prolifération des objets et l’omniprésence de l’information.
Quels sont leurs effets sur notre vision du monde, sur nos relations avec les autres ?… Pour les clowns, ce « traitement » a rapidement des effets brutaux, qui s’enchaînent sur scène en un crescendo hallucinant et désopilant : repli sur soi, méfiance maniaque, peur du monde extérieur, hallucinations et perte de réalité… En clair : la paranoïa guette — et peut-être pas que les clowns…
FF
Il y a quelque chose de très satisfaisant dans le monde moderne. Du 21/03 au 08/04 au Théâtre de Lenche, dans la cadre de la Carte blanche à la Cie Vol Plané.