Pardonnez-moi – (France – 1h26) de Maïwenn avec Maïwenn, Marie-France Pisier, Pascal Greggory…
Vous avez certainement raison de vous méfier d’un film dont l’affiche indique qu’il se situe « entre A nos amours de Pialat et Festen ». L’attente créée par l’effet d’annonce d’une telle déclaration… (lire la suite)
Le papa et la putain
Vous avez certainement raison de vous méfier d’un film dont l’affiche indique qu’il se situe « entre A nos amours de Pialat et Festen ». L’attente créée par l’effet d’annonce d’une telle déclaration — même si elle est extraite d’une critique surfaite — risque de se transformer très vite en déception. Outre ces considérations purement marketing, Pardonnez-moi ne provoque pas le choc attendu. Enceinte de son premier enfant, Violette (Maïwenn elle-même) décide de faire un film sur sa famille. Elle achète une caméra et filme ses proches. Elle va faire éclater la vérité et révéler des secrets, en affrontant à tour de rôle sa mère (Marie-France Pisier, très digne dans le rôle de la « mère-salope »), ses sœurs, un journaliste que sa mère a connu vingt ans auparavant, et enfin son père (Pascal Greggory, en bègue breton trop caricatural). L’idée du film dans le film est intéressante, mais pas suffisamment développée, tout comme celle de l’arme-caméra que Violette porte au poing pour attaquer (ou se défendre). L’enregistrement de ce qui est dit, la nécessité d’avoir une preuve semblent être pour Maïwenn l’actrice une raison de vivre et pour Maïwenn la réalisatrice une raison de filmer. Aucune distance n’est prise entre l’auteur et ses personnages, et ce manque de recul nuit à l’équilibre du film. Animée d’un esprit de vengeance, Violette traque la moindre parcelle de vérité et semble se complaire dans cette posture de « justicière acharnée ». Cette quête du vrai nous apparaît tour à tour louable, vaine, puis ridicule. La vérité, quelles vérités ? Pour en faire quoi ? L’obstination dont fait preuve la réalisatrice (et son double fictif) réduit le film à une course effrénée, une monomanie absurde qui se veut choquante mais se révèle finalement plate. Psychologie de comptoirs, hystérie et révélations fracassantes, Pardonnez-moi ne nous épargne rien, même pas l’invité-surprise et la tarte à la crème. Que dire alors du vide scénaristique qui livre les acteurs au néant et du sens du cadre qui semble aléatoire ? Peut-on faire du cinéma qui intéresse tout le monde avec des histoires personnelles ? Telle est la question que pose le film et que Maïwenn aurait dû se poser avant de l’entamer. L’autofiction n’est pas un règlement de comptes, c’est un genre qui génère ses propres codes. Vouloir les transgresser nécessite beaucoup de talent et de lucidité, qualités dont ce film est dépourvu. C’est son premier long-métrage, pardonnez-lui.
nas/im