Pars Vite et Reviens Tard – (France – 1h55) de Régis Wargnier avec José Garcia, Lucas Belvaux, Olivier Gourmet…
La vision de Pars vite et reviens tard suscite une interrogation fondamentale, ce qui, soit dit en passant, est déjà beaucoup pour un film tout à fait quelconque, pour ne pas dire insipide. En effet, le dernier Régis Wargnier approfondit encore une des grandes questions du cinéma contemporain : comment peut-on délibérément… (lire la suite)
La peur n’évite pas de sombrer
La vision de Pars vite et reviens tard suscite une interrogation fondamentale, ce qui, soit dit en passant, est déjà beaucoup pour un film tout à fait quelconque, pour ne pas dire insipide. En effet, le dernier Régis Wargnier approfondit encore une des grandes questions du cinéma contemporain : comment peut-on délibérément bousiller un roman taillé sur mesure pour le cinéma ? Problème insoluble : le réel handicap de Pars vite et reviens tard, c’est Régis Wargnier. Voilà un spécimen assez unique de cinéaste qui continue à croire qu’adapter un roman consiste tout simplement à suivre l’auteur au mot près, afin de ne pas le trahir. Le critique est naïf. Il pensait qu’André Bazin avait réglé le problème il y a maintenant cinquante ans. C’était sans compter sur le style littéraire, sclérosé et didactique de Régis Wargnier. Son cinéma, dénué de la moindre subtilité, consacre le règne de l’évidence, du plan littéral, du montage explicite. Or, cela pose problème lorsqu’il s’agit d’adapter un roman qui s’appuie justement sur l’étrange et l’irrationnel pour densifier un récit d’une apparente fluidité. Pars vite et reviens tard selon Wargnier ce sont des flashs en noir et blanc (histoire de ne pas oublier que le commissaire Adamsberg fonctionne à l’intuition) ou une image anormalement jaunâtre (comme pour mieux nous rappeler que ce qui passe est quand même très étrange). En somme : une peur panique de plonger dans les béances du cadre, d’ouvrir son récit. Si ce n’était pas aussi pathétique, ce serait presque touchant.
Romain Carlioz