Pas encore prêt présenté du 11 au 22/01 au Théâtre des Bernardines
Pas encore prêt… pour l’autre monde
Si elle laisse entrevoir de belles idées, la nouvelle création de la compagnie d’A Côté a, comme le suggère son titre, un petit goût d’inachevé.
Dans une scénographie inventive et pertinente — quoique faite de ficelles modestes — et un jeu de lumières à la fois doux et pénétrant, les acteurs apparaissent et disparaissent sur le plateau, au rythme d’un lent ballet silencieux. Là, ils chuchotent, explosent de joie, s’intimident et explorent la matière d’un texte qui aurait pu être là. C’est la vie qui se veut là, et pas tout à fait non plus. Ils se croisent, se positionnent les uns par rapport aux autres, échangent leurs rôles et leurs élégants costumes couleur crème, dignes d’un film scandinave, entre autres accessoires plus fantasques. La dernière mise en scène de la jeune et talentueuse Aurélie Leroux est ainsi une partition collective, où les émotions guident la création. Mais peut-être un peu trop, et trop longuement, si bien que le spectateur épuise peu à peu son attention pour cet objet délicat qui se trame sous ses yeux. La langueur devient alors longueur, et l’on regrette parfois le manque de coffre d’acteurs qui, malgré leur volonté d’expressivité, ne sont peut-être pas encore prêts à se débarrasser du texte. Comme le titre nous le suggérait, Pas encore prêt mérite de laisser faire le temps. Reste que la tentative de faire du théâtre autrement est là, bien réelle, et mérite qu’on veille sur ce qui, sans briller outrageusement par son éclat, étincelle, au rythme non pas des années-lumière mais de petites étoiles montantes.
Texte : Joanna Selvidès
Photo : Charlotte Corman
Pas encore prêt était présenté du 11 au 22/01 au Théâtre des Bernardines