Pascale Hugonet – Motifs. Traces à la Galerie Andiamo
Troubles obsessionnels expressifs
A la galerie Andiamo, Pascale Hugonet décline ses motifs obsédants, entre minimalisme et art populaire.
Pascale Hugonet est une femme pétillante, exaltée à l’idée de parler de son travail. Un travail auquel elle se consacre désormais à temps plein, laissant de côté les craquements des planches des théâtres qui ont rythmé sa vie professionnelle. « Maintenant, je m’use physiquement pour présenter ce travail. Je m’abîme les yeux, le dos, mais quel bonheur ! », explique-t-elle devant sa dernière toile réalisée au feutre posca. Des entrelacements de triangles arrondis font naître dans l’imaginaire un écrin de silhouettes, des cercles invisibles. Deux cents heures de travail à main levée ont été nécessaires à Pascale pour réaliser cette seule toile. « J’ai un petit caractère obsessionnel, confesse l’artiste. Et le monde du théâtre m’a appris à me mettre à la place du spectateur. Je veux réaliser des choses agréables à l’œil et obliger les personnes à s’impliquer par le regard dans mes œuvres. » Et ça marche. Lors du vernissage, les visiteurs discutent des formes que l’on voit apparaître et disparaître sur les toiles et papiers suspendus. Dans Palingénésie, l’artiste pousse le vice de l’obsession. Elle décline l’utilisation du trait dans une série « qui n’en finira jamais ». Cette recherche de l’infini, elle l’a en commun avec Roman Opolka, artiste minimaliste décédé en 2011, qu’elle admire. « J’aurais pu faire du Opolka, s’il ne l’avait pas déjà fait… », s’amuse-t-elle.
L’œil du spectateur se perd entre les différents éléments tous semblables mais si divers, comme au théâtre lorsqu’on veut suivre des acteurs à chaque bout de la scène. « J’impose au regardant de s’approcher pour une deuxième lecture », plus fine. Aussi inspirée par les mouvements des danseurs, du théâtre, Pascale Hugonet tend au minimalisme en transformant les classiques. Certains rapprochent son expression d’ouvrages de tissage traditionnel en raison de ses répétitions de motif. Il y a de cela. Avec son travail, elle est comme une funambule entre le minimalisme étriqué et l’art populaire.
Sandrine Lana
Pascale Hugonet – Motifs. Traces : jusqu’au 28/09 à la Galerie Andiamo (30 Cours Joseph Thierry, 1er).
Rens. 04 91 95 80 88 / www.assopoc.org