Passer à la casserole, certes, mais pourquoi donc ?
LIBERTE D’EXPRESSION
Passer à la casserole, certes, mais pourquoi donc ?
De l’effet du cinéma sur notre libido ou quand sexe et cuisine font bon ménage (à deux, voire plus si affinités).
On a tous en mémoire plusieurs scènes puissamment érotiques qui nous ont durablement marqués : de l’abominable partouze culinaire de La Grande Bouffe aux jeux inconséquents de Kim et Mickey dans 9 semaines ½, en passant par l’expérience interdite du gros Brando et de la frêle Maria Schneider à base de beurre dans Le Dernier Tango à Paris, le Septième Art n’a jamais été avare en représentations coïtales où il est question de nourritures et de sexe. Ainsi de la scène culte du Facteur sonne toujours deux fois, où Frank/Jack Nicholson, tout en animalerie pas du tout contenue, pressé de s’envoyer en l’air avec la sublime Cora/Jessica Lange, envoie valser ustensiles de cuisine et autres aliments de première nécessité via une chorégraphie désordonnée et emphatique, portée par une tension sexuelle à son comble. Pour le résultat que l’on connaît : un orgasme en forme de climax faisant suite à des coups de reins monumentaux — le fameux Reintintin. Pour ceux qui ont vu le film de Bob Rafelson et se souviennent de ces ébats, il ne fait aucun doute que le « passage » à la casserole en bonne et due forme de la jolie Cora aura été le point de départ, qu’écris-je (tremblant), l’épicentre de ladite expression qui nous intéresse présentement. Que nenni, les amis, il est vraisemblable que cet acte sexuel cuivré doive son origine à une délicate et imagée expression héritée du XIXe siècle, « faire un tour à la casserole », qui correspondait au traitement antivénérien que les jeunes femmes subissaient en cuisine — sympa — cependant que le cuistot, un manche à la main, faisait sauter, bouillir, chauffer tout ce qui l’entourait. Comme il est tout aussi vraisemblable qu’il est essentiel de se mettre à poêle avant de passer à la casserole. Je dis ça, je dis rien.
Henri Seard