Paul Delvaux, le rêveur éveillé au Musée Cantini
Delvaux d’or
Le Musée Cantini aborde une rétrospective complète du peintre belge Paul Delvaux, dont l’univers singulier est ici salué dans une scénographie très réussie qui balaye une longue vie d’artiste besogneux.
Exposées à travers six entrées, les 90 œuvres choisies par Olivier Cousinou, conservateur du musée et commissaire, révèlent quelques-unes des fascinations de cet artiste discret et atypique, mais aussi en lien étroit avec les mouvements impressionnistes et surréalistes au cours de son existence presque centenaire.
La partie « Sur le motif » marque ses aspirations à peindre la nature par touches. « Un univers ferroviaire » présente des gares (celles des années 20, magnifiquement traitées dans des teintes profondes), avec un souci particulier pour les détails, qui se peupleront de personnages ne semblant pas attendre de train. L’étape « Un théâtre de squelettes » s’anime d’êtres que le peintre considérait comme dynamiques. L’étrange binôme récurrent de rivales ponctue « L’énigme féminine » et l’amour lesbien se dessine « Dans l’intimité ». Enfin, « Un rêve d’Antiquité » décline les leitmotivs compulsifs de représentation d’un espace onirique (charpentes, lampes, ponts, couloirs…), où des ombres improbables enveloppent les compositions.
La construction de l’ambiance delvalienne s’effectue toujours avec une ouverture au sein de lieux fermés, comme une allégorie de la peinture qui permettrait de s’échapper mentalement des limites du cadre. Les chocs que constituent ses rencontres avec l’œuvre de Magritte et celle de Chirico en 1934 se développent et donnent des clefs de lecture tout en gardant une ambiguïté permanente : scènes diurnes ou nocturnes ? Angoisse ou sérénité ? Avec Delvaux, le spectateur se voit plonger dans un état intermédiaire. C’est à la marge qu’on touche à l’émoi…
Marika Nanquette
Paul Delvaux, le rêveur éveillé : jusqu’au 21/09 au Musée Cantini (19 rue Grignan, 6e).
Rens. : 04 91 54 77 75 / musees.marseille.fr