Pedro Tzontémoc – Mexique, carnets de route aux ABD Gaston Defferre
Le guide déroutant
A travers une sélection de photographies de Pedro Tzontémoc, l’exposition Mexique, carnets de route retrace le parcours personnel empreint d’universalité de ce vagabond de l’image.
« Finalement, à travers la photographie, je ne prétends pas transformer le monde, mais j’attends que celui-ci me transforme. La photographie n’est pas l’art, l’art est la vie elle-même. » A ces mots de Pedro Tzontémoc, nous voulons en ajouter d’autres, les mêler aux siens et — pourquoi pas ? — en créer de nouveaux tant les photographies en noir et blanc de ce Mexicain exilé à Marseille nous parlent. En voici quelques-uns : tradition, modernité, joie, onirisme, mystère, kitsch, jeunesse, humanité…
Tel un guide, l’artiste nous conduit sur ses routes mexicaines et fait défiler paysages, portraits, quotidien et rituels d’un peuple aux origines multiples. L’exposition, à l’image des carnets de voyage de l’artiste, se déploie en différentes sections comme autant de facettes de ce mystérieux pays.
Des facettes, ou plutôt des étapes : celle du carnaval, vestige symbolique d’une identité ethnique et culturelle remontant aux XVIIe et XVIIe siècles ; celle d’une ville, Mexico, appelée « Nombril de la Lune » en nâhuatl (langue indigène la plus parlée dans le pays) ; ou encore celle des bals de débutantes, cérémonie de passage pour célébrer l’avènement de la femme. Pedro Tzontémoc y ajoute le voyage initiatique d’Antonin Artaud en 1936, pendant lequel le poète marseillais recherchait, via le peyotl (plante hallucinogène cultivée par les Indiens Tarahumaras), les moyens de se dégager des conventions sociales et « de ne plus être blanc ».
L’artiste dévoile ses impulsions et reçoit son pays dans son objectif en visant le plus petit pour toucher à l’universalité. Un chien dans une église, la silhouette d’une petite fille dans une ruelle, les figures carnavalesques d’une ethnie, d’un quartier, d’un pays, écrivent les parcours personnels du photographe et peut-être ceux de monsieur tout le monde.
Les brumes poétiques, les dentelles blanches et les sourires de l’exposition se révèlent ainsi typiquement mexicains comme nous les imaginions, totalement personnels comme Pedro Tzontémoc les révèle, irrémédiablement universels comme la vie les anime.
Christelle Giudicelli
Pedro Tzontémoc – Mexique, carnets de route : jusqu’au 7/01 aux ABD Gaston Defferre (18-20 rue Mirès, 2e).
Rens. 04 13 31 82 00 / www.biblio13.fr