Peur(s) du noir – Animation (France – 1h30) de Blutch, Charles Burns avec les voix d’Aure Atika, Arthur H…

Angoisse(s)

En général, lorsque la BD fait un saut par la case cinéma, l’événement laisse sceptique (300) — quand il ne déçoit pas totalement (Immortels). Bien que Peur(s) du noir soit le fruit de six dessinateurs renommés, tous issus de la branche indépendante, le projet s’inscrit dans une dynamique différente. En effet, nulle adaptation d’une BD en particulier. Juste des délires visuels imaginés pour l’occasion, avec le noir et les peurs qu’il génère comme thématique. Le résultat, quoique inégal, vaut tout de même le détour, ne serait-ce que du point de vue de sa richesse plastique (animation classique, 2D mélangée à la 3D…). Cette succession variée et assez cohérente de courts métrages nous entraîne dans des univers très différents les uns des autres : amusant et cynique (Di Scuillo), poétique et inquiétant (Lorenzo Mattotti), symbolique et incompréhensible (Blutch), kafkaïen et gluant (Burns), carrément flippant et stupéfiant (McGuire)… Univers étranges qui se nourrissent réciproquement et qui, surtout, font souvent mouche car ils touchent à des angoisses communes et primaires telles que l’appréhension de la mort, le dégoût des insectes ou encore l’anxiété et la claustrophobie… C’est donc bien la preuve que l’animation peut apeurer tout autant voire plus que le cinéma horrifique plus traditionnel. Si Peur(s) du noir n’est pas le film de l’année, il reste néanmoins une agréable surprise qui n’intéressera (et n’effraiera) pas que les fans du genre.

Lionel Vicari