A perte de vues
Pour sa onzième édition, Phot’Aix met à l’honneur des Regards Croisés Suisse-Provence autour d’une dizaine de photographes exposés au Musée des Tapisseries et à la galerie Fontaine obscure, organisatrice du festival, tout en valorisant davantage son OFF, qui mobilise une trentaine de photographes amateurs et une quinzaine de lieux aixois.
Cette année, les rencontres photographiques aixoises ont cherché à gagner en visibilité et en ampleur dans la ville à travers le OFF de la manifestation. Ainsi, tandis que les lieux culturels, éducatifs et commerciaux qui participent à l’événement sont plus nombreux que les années précédentes, des parcours itinérants sont organisés pour pouvoir faire le tour des expositions grâce à la mise à disposition de deux Diablines (petits véhicules de transport en commun électriques) personnalisées aux couleurs du festival. La sélection retenue pour le OFF est délibérément hétéroclite, afin de valoriser la diversité des pratiques photographiques amateurs tout en cherchant à sensibiliser différents publics. Les Regards croisés tendent quant à eux à instaurer un dialogue entre cinq photographes de la région et cinq de leurs homologues suisses : un dialogue thématique tout d’abord, qui fait se croiser deux séries de photos (autour de la famille, de la tauromachie, de la migration, de la montagne, des lieux), mais aussi un dialogue autour de l’écriture, de la démarche et des moyens photographiques mis en œuvre. A ces deux niveaux de lecture, la relation entre la série Prisons de plastique de Christophe Chammartin et la série Europa Inch’Allah de Stephanos Mangriotis se révèle particulièrement féconde. En effet, tous deux cherchent à être en prise avec une réalité sociale, économique et politique qui privilégie toujours davantage les échanges marchands au détriment des conditions de la vie humaine ; leurs photos cherchent à déplacer le rapport frontal et direct avec cette réalité en choisissant d’autres voies, plus sensibles et parfois symboliques, pour l’aborder. Si la manifestation cherche à rapprocher et confronter différentes pratiques photographiques entre elles (par le choix des photographes et des séries exposées, mais aussi par la mise en scène des photos dans l’espace de l’exposition), on peut tout de même regretter que cette diversité ne soit pas plus présente. Le photoreportage et le documentaire dominent ainsi l’essentiel des pratiques, et les processus expressifs, tels qu’ils sont à l’œuvre dans la série Réserves de Suzanne Hetzel, apparaissent d’autant plus précieux.
Elodie Guida
Phot’Aix 2011 : jusqu’au 30/11 au Musée des Tapisseries (Place des Martyrs de la Résitance), à la Galerie Fontaine Obscure (Impasse Grassi) et dans divers lieux d’Aix-en-Provence.
Rens. 04 42 27 82 41 / www.fontaine-obscure.com