Le monde, grand format
Créé en 2011, le festival La Photographie Marseille ne cesse de s’accroître, devenant, au même titre que les Rencontres à Arles, un rendez-vous incontournable de la photographie contemporaine.
Né de la collaboration entre l’association Les Asso(s), la Mairie des 9e et 10e arrondissements de Marseille et l’Ecole Supérieure d’Art et de Design Marseille Méditerranée (ESADMM), le festival rassemble cette année dix-neuf événements (rencontres et expositions), déployés jusqu’en janvier dans toute la cité phocéenne. La Photographie Marseille se donne pour principales missions l’émergence des talents de demain — avec le Prix Maison Blanche — et, plus largement, la reconnaissance de la scène contemporaine développée depuis la fin des années 70.
Déliée d’une dimension purement technique et lui préférant son aspect conceptuel, cette pratique se passionne des zones délaissées et désenchantées dites périurbaines — centres commerciaux, industries, parkings, etc. —, constituant la parfaite couverture du plus quotidien des contes défaits. Ces « cathédrales modernes » sont photographiées avec la plus grande tempérance, neutralité, dressant un catalogue d’espaces sous tension.
Le Prix Maison Blanche, premier temps fort du festival, et accueilli à la Mairie des 9/10, a rassemblé cette année plus de deux cents dossiers de candidature à travers le monde. Destiné à récompenser les jeunes talents, le prix a été remis à Julien Lombardi (qui a réalisé la couverture du numéro précédent de Ventilo), qui s’interroge sur la transition que subit l’Arménie depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, son caractère insaisissable, inachevé et en perpétuel changement ; des espaces en mutation et trop souvent occultés, que Julien Lombardi souhaite capturer et révéler dans une démarche mémorielle. Parmi les autres lauréats exposés à la Maison Blanche figurent Brenda Moreno, dont le travail se situe davantage dans l’introspection, l’enquête du quotidien à travers le souvenir et les projections ; Nicola Lo Calzo, qui questionne dans une perspective historique et à la manière d’Andrès Serrano l’exercice de la liberté dans le Cuba contemporain ; Alban Lecuyer, capturant quant à lui le devenir tragique de la capitale cambodgienne Phnom Penh, laissant derrière elle les traces visibles et invisibles du communisme passé ; et Alejandra Carles-Tolra, qui s’interroge sur le genre, les stéréotypes et les dessous d’une communauté féminine et sportive.
La Photographie Marseille se poursuit par un deuxième temps fort : l’exposition Nevermind d’André Mérian à la Galerie du 5e. Invité d’honneur du festival, André Mérian est indéniablement inscrit dans cette mouvance contemporaine, marquée par la traque du réel dans ce qui est caché, structuré ou abandonné, naturel ou bétonné, aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Une visite commentée par l’artiste — et fortement recommandée — est prévue le mercredi 23 novembre. La Photographie Marseille étend également sa programmation dans différents espaces, tous autant signifiants, à l’instar du Studio Aza, de Klap, de la librairie Maupetit, des galeries Lame, Porte-Avion et Straat, du labo Rétine Argentique, du Gyptis, du FRAC, du Garage Photographie, d’Art-Cade, et de la Villa Méditerranée.
JF
La Photographie Marseille #06 : jusqu’au 14/01/2017 à Marseille.
Rens. : www.laphotographie-marseille.com
Le programme complet de La Photographie Marseille #06 ici