Points de vue, images au monde
Il nous faudra attendre avant de tirer tous les enseignements de cette année 2013. Attendre pour prendre du recul, de la hauteur, d’autant que les sujets d’analyse ne manquent pas. Attendre que l’exceptionnel soufflé médiatique dont a bénéficié la future métropole retombe, pour voir ce qu’il reste. Attendre car, comme le souligne à juste titre Stéphane Sarpeaux (journaliste au Ravi et directeur du OFF), la « véritable Capitale » ne débutera que le 1er janvier prochain. Evidemment, cela n’empêche pas de creuser quelques pistes de réflexion ou de se faire un avis sur l’événement, ce que d’aucuns (nous compris) ne se sont pas privés de faire, avant même son lancement.
Et puis il y a l’évidence : le territoire, à commencer par Marseille, a changé. La ville — du moins son centre — s’est refait une beauté, conformément à une réalité qui veut que, depuis Liverpool en 2005, la nomination au titre de Capitale européenne de la Culture revient à une grande opération de « requalification urbaine » destinée à redynamiser les villes pauvres. En ce sens, MP 2013 est une réussite. L’association en charge de son déroulement ne se prive d’ailleurs pas de le faire savoir dans un bilan qui ne se contente que de chiffres, se targuant d’un tourisme record et d’une fréquentation inouïe de ses événements.
Mais se faire ravaler les façades à coups de pelleteuses pour faire les yeux doux aux touristes n’est pas forcément synonyme de changement. Sous cette couche de fond de teint, Marseille demeure une ville profondément paradoxale, comme le démontre avec (im)pertinence l’équipe du OFF depuis le début de l’année (et pour mille ans encore – voir p. 8). Une ville pauvre, mais créative et débrouillarde. Une ville dont le tissu associatif n’a pas attendu 2013 pour faire vivre la culture, mais qui a pourtant été écarté de la « fête ». On a voulu inventer le Marseille de demain, au lieu de le chercher où il existait déjà. En ce sens, MP 2013, qui aurait aussi dû montrer au monde la diversité de la culture locale, a échoué.
En somme, 2013 aura ressemblé à son week-end d’ouverture : beaucoup de monde, principalement au centre-ville, une envie d’être ensemble, presque un souffle porteur d’espoir… Mais des avis très contrastés sur l’intérêt (culturel) de la chose, suivant l’angle depuis lequel on se plaçait. Question de point(s) de vue.
CC