Le MuCEM, sévèrement jugé pour ses expositions plus qu’approximatives, changera bientôt de directeur. Son fonds n’ayant pas été livré à ce jour, ce sont les vieilles collections de la Vieille Charité et quelques objets oubliés dans les tiroirs du Musée Longchamp qui viendront peut-être tenter de remplir ce magnifique contenant au contenu plus qu’incertain.
Pendant ce temps, le [mac] fermera ses portes, à la grande satisfaction d’un Maire qui, depuis plus de dix-huit ans, lutte contre son existence. La Vieille Charité récupèrera l’art contemporain en son sein. Espérons que l’ancien hospice du Panier s’offrira un lifting bien nécessaire (en rehaussant la hauteur de ses plafonds) pour accueillir des expositions d’art contemporain dignes de ce nom…
Au même moment, la Villa Méditerranée, mal garée en double file sur l’esplanade du MuCEM, se voit dénoncée à nouveau. Michel Vauzelle, président du Conseil régional et « propriétaire » vengeur, viendrait de s’apercevoir que le coût de fonctionnement annuel de ce Centre International pour le Dialogue et les Echanges en Méditerranée (ouf !) est trop élevé et que les résultats en termes de fréquentation sont nuls. Ah bon ? 8,3 millions d’euros par an (à quelques miettes près), c’est trop ?
Bien malins ceux qui ont profité de ce camping-car de luxe avec vue sur mer depuis sa création il y a un an. Je ne voulais pas croire les propos que l’un d’entre eux avait tenus :
« Au mieux, on a un an de budget. On a l’habitude à Marseille dans le secteur culturel de vivre avec des budgets minables, donc on peut tirer jusqu’à un an et demi. Et s’il y a de bons résultats média, peut-être qu’on tiendra deux ans, mais dans deux ans et demi maxi, on se casse de Marseille avec notre équipe ; cette ville n’a aucun avenir de toute façon. »
Ils n’auront même pas tenu un an en fait. Car au plus tard en septembre 2014, la Villa Méditerranée sera entièrement “vidée”, son budget de fonctionnement supprimé, une grande partie, si ce n’est la totalité de son personnel dégraissé (vive les primes de licenciements), les activités culturelles supprimées définitivement et le tout (ou le rien) sera remplacé par les bureaux administratifs de la politique méditerranéenne du Quai d’Orsay ou les équipes du Fonds de gestion européen (destinée à nos régions).
En résumé, le bâtiment, construit il y a moins d’un an, garé à la sauvage en bord de mer, pour un coût bien supérieur à 70 millions d’euros, et un budget de fonctionnement supérieur à 8 millions d’euros par an, ne nous aura pas laissé le temps de comprendre pourquoi il avait été construit avant de se vider de son contenu pirate pour devenir un potentiel squat à institutions administratives absconses…
Tout cela pendant que musées et galeries retournaient vingt ans en arrière et, last but not least, au moment où l’on commence à entendre que le Musée Cantini arrive en fin de bail emphytéotique, ce qui pourrait annoncer sa fermeture définitive et irrévocable.
Le poker menteur culturel se porte bien à Marseille, ne vous en faites pas.
Frédéric Coupet / Les Sentinelles
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