La constellation cinéma
L’équipe du Gyptis invite celle du Polygone Étoilé / Film Flamme pour une soirée de projection de films pensés et montés au sein de cette structure unique, où le cinéma et sa fabrication se questionnent hors des diktats du marché, dans une incessante volonté d’en faire évoluer ses langages.
On parle à tour d’articles de la fameuse exception culturelle française, mais l’on pourrait sans fard évoquer l’exception marseillaise en matière de cinéma. Car si la ville est régulièrement épinglée, à juste titre, pour son déficit de salles (qui s’aggrave avec la fermeture de la Villa Méditerranée), la cité phocéenne, toute à son habituelle contradiction, abrite en son sein une pléiade de dynamiques en termes de diffusion, qui tiennent la dragée haute à de nombreuses villes hexagonales. Mais au-delà, Marseille est dotée de l’un des lieux les plus importants qui soient, où le cinéma se fabrique, se questionne, se projette collectivement, sans l’influence des artefacts qui sclérosent la production cinématographique française. Il s’agit bien évidemment du Polygone Étoilé, et de la structure Film Flamme, qui depuis de nombreuses années a accueilli dans ses murs de nombreux et importants cinéastes, leur permettant de réaliser leurs films avec une liberté rare, souvent en marge d’un système de production ne laissant que bien peu de place à celles et ceux qui désirent encore interroger autrement les formes et le sens de l’image en mouvement. Sans omettre une dynamique de diffusion qui remporte chaque année un vif succès, de la Semaine Asymétrique aux Nuits Étoilées, largement évoquées dans ces colonnes. L’équipe du Polygone s’attache dorénavant à faire connaître plus encore ce travail fourmillant hors de l’enceinte du lieu, multipliant les diffusions de films dans de multiples salles du pays, et au-delà de nos frontières. Ce sera le cas au Gyptis de la Belle de Mai, pour une soirée consacrée à la structure de la rue Massabo. Au menu, trois films à découvrir sans réserve : le bouleversant 1999 ou la belle humeur de Jean-François Neplaz, qui partit en compagnie de son ami et philosophe Jean-Paul Curnier, malheureusement disparu cet été, à la recherche de la canne-épée que la sœur détestée de Nietzsche avait offerte à Hitler. En filigrane, c’est un pan de l’histoire russe de la fin du 20e siècle qui se déroule sous nos yeux au fil de la narration. La séance sera précédée de la projection de Spirit of Koxé, autre opus de Jean-François Neplaz. La soirée s’achèvera avec le film Tuk Tuk de Kiyé Simon Luang, produit et distribué par l’excellente équipe de Shellac, qui a d’ailleurs, à son arrivée à Marseille, partagé ses locaux au Polygone Étoilé. Ce long-métrage retrace la quête d’Hèk, qui retourne au Laos après trente-cinq ans d’exil en France. Une séance précédée de la projection de L’Île éphémère du même réalisateur, et suivie d’une lecture d’un extrait du scénario de France, son prochain long métrage de fiction.
Emmanuel Vigne
Le Polygone Étoilé au Gyptis : le 23/09 au cinéma Le Gyptis (136 rue Loubon, 3e).
Rens. : 04 95 04 96 25 / www.lafriche.org
Pour en (sa)voir plus : www.polygone-etoile.com