Portrait : Narco Terror
Quelques grammes de brutalité dans un monde de finesse
On s’étonnait de voir de la pop sur un label pressenti pour signer des artistes électro. Avec Narco Terror, le label Sounds Like Yeah confirme qu’il ira surtout là où l’on ne l’attend pas…
Premier Ep de six titres (dont un remix) pour ce jeune groupe, et déjà une signature sur un label « sérieux ». Dans le monde musical, on appelle ça un rêve. Il faut dire que les frères Antoine et Nicolas Puaux ne sont pas des premiers venus dans le milieu : fondateurs du groupe Narrow Terence, ils se sont forgé une solide réputation autant dans l’écriture que sur scène, au service d’une musique sensible, entre pop et rock, plusieurs fois récompensée (notamment Découverte PACA du Printemps de Bourges en 2007, découverte Rock en Seine et Prix Adami en 2008). Voilà pour les présentations. Sauf qu’en l’occurrence, on change de registre : « Narco Terror est vraiment le vilain bâtard issu de Narrow Terence », précise Nicolas. Au rayon bruitiste, alors. « Nos influences sont essentiellement à aller chercher du côté des 90’s… avec la scène grunge de Seattle. Ou, parmi les Français, les géniaux Bästard, Hint, Prohibition. Par ailleurs, ce qui nous a semblé intéressant, c’est d’inséminer une dimension plus blues, plus crade et dégoulinante à cet univers gros rock métallisant qui est — trop souvent à mon goût — traité de façon un peu clinique. » Il ressort de ces cinq titres une urgence, accentuée par la composition et l’interprétation en binôme, qui ne laisse aucun répit : « On compense la basse d’une part en doublant le son de la guitare et, d’autre part, en faisant beaucoup reposer l’assise rythmique sur la grosse caisse. Histoire de ne pas perdre en générosité. » On pense immédiatement à un mix entre les White Stripes et Death From Above 1979, mais dans un esprit plus proche de Pneu. S’il semble abouti (jusqu’à l’invention, pour la scène, de personnages outrancièrement maquillés, Castor et Pollux Troy), le groupe est né accidentellement « à la suite d’un concert que l’on nous avait proposé pour Narrow Terence, et que nous n’avions pu honorer qu’à deux. L’idée était de faire un concert alternant ballades douces et morceaux plus énervés. Le déroulement du concert (qui se passait dans un club bruyant) nous a montré que seuls les titres énervés fonctionnaient. Frustrés de ne pas avoir su transmettre la part plus calme du répertoire de Narrow Terence, nous avons donc décidé que si des dates en duo devaient se reproduire, nous ne proposerions que la part sauvage… Toujours est-il qu’avec le temps, nous avons pris goût à cette formule à deux qui, effectivement, résonnait davantage avec nos influences rock noise hardcore ancestrales. » L’écoute du disque augure du meilleur et, lors d’un récent concert avec Husbands, « des personnes nous disaient que, sans s’y attendre, le concert leur avait fait du bien par sa nature défoulatoire. » Narco Terror, bon pour le moral ? Ça vaudrait bien une reprise…
Damien Bœuf
Rens. : www.facebook.com/narcoterror