Avec une adaptation toute aussi fidèle que décalée de la truculente comédie d’Aristophane Lysistrata, la Tetra Art Compagnie casse la baraque au Gyptis. Un propos engagé et enragé sur la guerre et la femme, où le sexe faible n’est pas celui qu’on croit… (lire la suite)
Avec une adaptation toute aussi fidèle que décalée de la truculente comédie d’Aristophane Lysistrata, la Tetra Art Compagnie casse la baraque au Gyptis. Un propos engagé et enragé sur la guerre et la femme, où le sexe faible n’est pas celui qu’on croit.
S’il vivait encore, Aristophane serait un féministe utopiste et un sacré bougre que l’on inviterait volontiers à ses soirées entre potes, tant pour ses blagues grivoises que pour la modernité de ses idées. En 411 avant Jésus-Christ, alors que Sparte et Athènes se disputent le Péloponnèse (vous chercherez sur une carte), le poète athénien imagine une véritable amazone, Lysistrata, qui compta sans nul doute parmi les premières grandes féministes de l’Histoire. « Celle qui dissout les armées », et toutes les femmes avec elle, décide de pousser les hommes à la paix en instaurant la « grève des cuisses serrées ». Raideur à l’appui, le mâle belliqueux se soumet et négocie avec l’ennemi. Deux mille quatre cent ans plus tard, les héroïnes sont colombiennes, et c’est contre la violence et la guerre des gangs qui ravagent leur pays qu’elles ont recours au chantage sexuel. La fin justifie les moyens.
Crapuleuse et politique, gaillarde et morale, la pièce d’Aristophane est un appel à la paix, entre les peuples mais aussi entre les sexes. Une comédie à l’image de ses personnages féminins : charnelle, vindicative et hilarante. La mise en scène mêle la folie grotesque de Kusturica à la finesse du comique antique, et nous renvoie à la triste absence d’évolution de nos sociétés guerrières. Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des conflits. Place aux femelles donc, trop longtemps cantonnées aux rôles de mères ou de putains ! Fortes mais amoureuses, les femmes d’Aristophane aspirent aussi à plus de considération, mais veulent continuer à être aimées pour leur féminité. Moderne, on vous le disait.
Texte : Jennifer Luby
Photo : François Mouren-Provensal
Jusqu’au 16/12 au Gyptis. Rens. 04 91 11 00 91