Un Poyo Rojo Alfonso Baron & Luciano Rosso © Paola Evelina

Un Poyo Rojo au Théâtre des Salins

Get physical

Après une représentation reportée l’année dernière pour cause de blessure, mais avec une date supplémentaire glanée au passage, l’ineffable duo Un Poyo Rojo promet d’enflammer le Théâtre des Salins.

Après leur incontestable succès depuis plus de six ans en Amérique latine, dans le Off d’Avignon deux années consécutives, jusqu’à celui, tout récent, au Théâtre du Rond Point à Paris, et leur tournée triomphante en cours, tout semble avoir été dit à leur sujet. Du moins, tous les qualificatifs leurs ont été attribués : « hybride », « original », « véritable ovni », « du jamais vu », « désopilant », « incroyable », « insolite », « couillu »…
De la série noire qui les a poursuivis l’année dernière avec la blessure successive du metteur en scène Hermès Gaido et de l’un des danseurs, Luciano Rosso, les trois Argentins sont ressortis encore plus soudés et géniaux. Surtout persuadés que ce spectacle est avant tout une aventure humaine qui se vit à trois pour servir sa conception artistique, et le plaisir du public. Deux artistes et un regard.
Dans un vestiaire, deux sportifs se rencontrent, se jaugent, s’approchent et se rejettent, effleurant des possibilités que l’imaginaire du spectateur décline et que l’actualité nous pousse à classer dans la rubrique inventée par les Belges (et oui, encore eux) de spectacle d’utilité publique. Non seulement parce que vous en sortirez heureux et regonflé à bloc, mais aussi parce qu’ils questionnent notre rapport à l’autre dans ce qui nous est proche et étranger, attirant et repoussant, contraire et identique, amoureux au sens large.
En cela, Un Poyo Rojo n’est pas qu’un simple spectacle entre cirque et danse, entre humour et amour, mais il invente bel et bien un nouveau genre. Ce pourrait être celui du théâtre physique, discipline technique mélangeant le mime, le masque et le clown. Théâtre du corps et de l’émotion, sans paroles. Mais ici, leur teatro fisico va au-delà : il s’y dégage un style indéfinissable qui leur appartient et ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire du théâtre.
Initiateur du projet, Luciano Rosso répond prudemment tant cette démarche leur est propre avec Alfonso Barón, et ne peut encore faire école. « C’est du théâtre dans sa forme la plus complète. Parce que cela mélange beaucoup de langages, comme à l’origine du monde, lorsque tout était basé sur différents rituels. Je ne peux pas le définir par une seule chose. » Luciano Rosso est aussi l’homme aux millions de vues sur Youtube avec ses lyp sync, lorsque Alfonso Barón est quant à lui connu en Argentine dans le domaine du théâtre expérimental. Ce spectacle en perpétuelle évolution, ne serait-ce que par le biais du dispositif de la radio en live sur le plateau, est d’une rare authenticité. Nous venons de passer l’été indien, l’automne argentin va s’avérer encore plus chaud…

Marie Anezin

 

Un Poyo Rojo : les 23 & 24/11 au Théâtre des Salins (Martigues).
Rens. : 04 42 49 02 01 / www.les-salins.net