Préavis de désordre urbain
Et la performance, bordel !
Red Plexus et le collectif Ornic’Art ont déposé leur réjouissant troisième Préavis de Désordre Urbain, dans un tourbillon d’actions qui détournent codes et usages des lieux de la ville.
Depuis trois ans à Marseille, les fins de mois de septembre ne sont pas que difficiles, elles sont perturbées. Pas de grève, non : les artistes, eux, ne chôment pas ! Qui en imposant aux tranquilles consommateurs que nous sommes de ramper entre les rayons des Galeries Lafayette, qui en roulant sur la chaussée déguisé en homme-grenouille, qui accouchant d’une messe pour le porc présent et de bien d’autres folâtreries… Des artistes venus des quatre coins de l’Europe, novices ou performers confirmés, ont investi pendant une semaine les différents espaces publics de la ville, qu’ils soient marchands (les commerces du centre-ville), culturels (La Friche Belle de Mai, les Bernardines) ou chargés d’histoire (les Réformés).
Au fil de ces interventions poétiques, parfois cocasses, rappelant souvent le théâtre de rue, et toutefois inégales, on a pu en tout cas remarquer l’adhésion d’un public toujours plus nombreux, plus hétérogène que dans les lieux habituellement dévolus à la culture, rassemblant plusieurs générations et différents milieux sociaux. Certes, la gratuité de l’événement, son accessibilité et surtout son atmosphère « bon enfant » sont probablement des facteurs importants de la réussite grandissante de la manifestation, qui fait d’une pratique artistique méconnue du grand public et considérée comme « pointue », la performance, un acte autour duquel on se rassemble. Plutôt nécessaire en ces temps de crise…
Ainsi, nous bousculant joyeusement, emportant dans leurs univers oniriques celui qui passe, détournant les codes sociaux et refusant toute bienséance, le festival a proposé un florilège d’espaces et d’interventions, pour nous offrir des moments jubilatoires.
Joanna Selvidès
Préavis de désordre urbain était présenté du 23 au 28/09 dans divers lieux de la ville